«Christiane Taubira représente dans le débat public tout ce qu'Alain Finkielkraut n'aime pas», lance d'emblée Laurent Joffrin, volontairement caricatural. A elle l'optimisme, à lui la déploration. A elle, incarnation d'une société métissée et d'une justice libérale, la responsabilité de l'«identité malheureuse» du philosophe. L'un comme l'autre nuance le rôle. La réforme pénale que Taubira porte n'est pas de la «clémence», mais de «l'humanisme», corrige-t-elle.
Le «métissage», la garde des sceaux assure ne «pas savoir ce que c'est». «Ce que je sais, c'est que les sociétés sont de plus en plus plurielles. Il faut penser dans son temps, et le temps est à la circulation des personnes, des amours. Personne ne gagnera contre l'amour, on n'empêchera pas les gens de se rencontrer et de faire des enfants qui leur ressembleront à moitié». «Loin de moi l'idée de mépriser l'amour !», se défend Finkielkraut. «Mais on ne peut pas non plus nier la haine ou la ramener à la révolte des opprimés. Il faut que le faire face succède au déni. Les analogies avec les années 30 ne sont qu'un moyen de se réfugier dans le déjà-vu devant la peur du jamais vu. Il revient à la gauche de ne pas laisser le FN seul s'emparer du sentiment d'insécurité». «Pardon, mais ce n'est pas un peuple de la peur, ni du repli !, a protesté Taubira. C'est un peuple qui a toujours su se hisser pour regarder le monde. Il doit retrouver la c