Une dinde contre une voix. C’est le clientélisme à l’américaine résumé par Will Burns, conseiller municipal de Chicago et ancien directeur de campagne d’Obama. «
Il faut changer la définition de la transaction. Un électeur vaut plus qu’une dinde
». Pour faire participer à la politique de la ville ceux qui sont en marge, les invisibles, il s’appuie sur les communautés. «
J’ai besoin de leur soutien entre les élections, ils sont un relais organisé. La démocratie ce n’est pas seulement glisser un bulletin dans l’urne
», lance-t-il. Et quand il n’y a pas de communauté, il faut les organiser. Le «
community organizing
», c’est le créneau de Graines de France, un think-tank sur les quartiers populaires, créé par Reda Didi. «
Nous repérons des leaders sur le terrain, les formons, leur apprenons à mobiliser leur base. Nous n’intervenons pas dans les débats mais leur fournissons les supports, les outils dont ils ont besoin pour mener leurs batailles
», décrit-il. A Sevran par exemple, les habitants, en s’unissant, ont réussi à obtenir le remboursement par l’office HLM du trop-perçu sur les charges annuelles. Galvanisés par ces petites victoires, les citoyens finissent par s’emparer bel et bien du pouvoir, certains se présentent aux élections, accèdent à des postes à responsabilité… Mais les dirigeants sont-ils vraiment prêts à lâcher les rênes ?
Mutique. «Il n'y a pas d'apathie chez les classes populaires, elles ont des choses à dire mais n