On dirait bien que ça tourne au vinaigre sur l'internet. «L'espace de subversion devient un espace de surveillance, de contrôle, de rationalisation», constate Dominique Cardon, sociologue spécialiste de la démocratie appliquée à Internet. Si l'idéal des pionniers de la toile s'éloigne, ce n'est pas pour autant qu'il faut jeter le bébé avec l'eau du bain. La massification d'Internet, avec 40% de l'humanité connectée, le rend optimiste.
0,3 %. Fini l'entre-soi, place à la démocratisation. Encore faut-il vaincre les algorithmes. Google présente des «résultats de recherche personnalisés, biaisés, en fonction de ce qu'il croit savoir de nous». Internet devient partial. S'il y a un risque réel «d'effritement» de la masse, Cardon n'est «pas inquiet». «Le fait qu'on soit enfermé sur la toile est peu probable». Et puis, l'internaute a tendance à s'y enfermer lui-même. Les chemins de traverse, connaît pas. Ça tourne pas mal en rond en fait : 0,3% du contenu agrège 80% du trafic. La pensée dominante, c'est la page 1 de Google. «L'illusion contemporaine répandue : on aimerait être quelque chose d'assez différent de ce qu'on est, lire plusieurs médias, comparer, pour se forger sa propre opinion. La réalité des usages est différente. Selon les sondages, 20% des téléspectateurs déclarent regarder Arte, en réalité, ils ne sont qu' 1%.»
«Internet est un détecteur de signaux faibles», lance Pierre-Alexandre Teulié. Il est le