Gary Cigé est le co-fondateur d’Usine IO, un grand atelier collaboratif parisien qui permet à ses abonnés de bénéfécier de machines et d’expertise en matière de développement et de conception de produit avant une possible industrialisation.
Pourquoi avoir décidé de vous lancer votre entreprise sur le modèle de l’économie collaborative ?
Personnellement, j’avais déjà créé plusieurs sociétés fonctionnant sur ce modèle, notamment OuiCar dans laquelle la SNCF vient de prendre des parts majoritaires, c’est donc un milieu que je connais assez bien. J’ai quitté l’entreprise il y a quelques années et j’ai commencé à conseiller quelques start-up. C’est là que je me suis rendu compte que dès qu’une PME ou même un particulier veut se lancer dans le développement et la création d’un produit, il n’y a personne pour les accompagner. Soit c’est la débrouille totale, soit il faut passer par la solution traditionnelle qui consiste à contacter un bureau d’étude qui vous facturera plusieurs dizaines de milliers d’euros que vous n’avez pas. Avec mes associés nous avons donc décidé de lancer cet atelier qui permet à tout un chacun, moyennant un abonnement mensuel, d’accéder à une expertise de pointe et à une mutualisation des ressources. Notre objectif, c’est de développer un modèle pérenne qui puisse peut-être se transposer ailleurs et pour l’instant, cela fonctionne plutôt bien.
Les mastodontes de l’économie collaborative mettent en avant son aspect social, n'est-ce pas un peu utopique ?
En lançant l’Usine IO, notre philosophie prend bien évidemment en compte des considérations sociales. Nous offrons au public un service abordale qui est aussi rentable pour notre entreprise. Je suis convaincu que l’on peut faire des choses qui servent l’intêret du public tout en gagnant de l’argent mais pour cela il faut que tout le monde soit gagnant. Il faut aussi bien voir que notre activité n’a pas grand chose à voir avec les projets de start-up du web qui réussisent à lever plusieurs millions d’euros pour être ensuite revendues par leurs fondateurs.
Vous ne craignez pas que l’économie collaborative ne devienne qu'une version édulcorée du capitalisme qui oubliera un peu vite les valeurs sur lesquelles elle a été fondée ?
Effectivement, même si ces modèles sont vertueux, plus ils se développeront et plus il existera un risque que l’aspect collaboratif et social s’estompe voire, ne disparaisse. Je reste toutefois très pragmatique. Si des gens gagnent beaucoup d’argent grâce à l’économie collaborative, cela ne me pose pas de problème tant que tout est fait dans les règles. Si tout le monde y gagne, les motivations importent peu.