
Partout dans le monde, les leaders expriment de plus en plus leur préoccupation quant au nombre croissant de jeunes qui se retrouvent exclus du marché de l’emploi.
Un nombre croissant de jeunes chômeurs est inactif à un moment crucial de la vie qui devrait être marqué par le début d’une carrière ou la génération d’un revenu pour subvenir à leurs besoins et ceux de leur famille. D’après l’OIT, près de 74 millions de jeunes gens (de 15 à 24 ans) étaient à la recherche d’un emploi en 2014 et selon de nombreux experts, cette situation engendre le découragement d’un grand nombre de jeunes dans beaucoup de pays en développement. Elle complique également la tâche des pays cherchant à réduire la pauvreté durable et à maîtriser les troubles civils pouvant déborder des frontières régionales et nationales.
Le chômage des jeunes est un problème complexe, alimenté par de nombreux facteurs. L’un d’eux est notre échec collectif en matière d’enseignement : des millions d’enfants de tous les coins de la planète ne reçoivent pas l’éducation leur apportant les compétences requises par le marché du travail.
De nombreux jeunes luttant pour trouver un emploi possèdent une certaine éducation ou des qualifications techniques. Les analystes attribuent leurs difficultés, entre autres facteurs, au manque de correspondance entre emplois et compétences. Cela nous donne d’autant plus de raisons d’intensifier nos efforts à l’échelle mondiale afin de permettre à tous les enfants de bénéficier de l’enseignement de qualité dont ils méritent.
Non scolarisé ou sans acquis
Il existe également de nombreux jeunes n’ayant jamais été scolarisés et ne possédant pas les compétences de base en lecture et calcul. On estime dans le monde que 124 millions d’enfants ne sont pas scolarisés dans le primaire et le premier cycle du secondaire alors qu’ils sont en âge de l’être. Ces enfants viendront quasi certainement grossir les rangs des chômeurs, à moins d’un sursaut réactif de la communauté internationale.
Les nouveaux Objectifs de développement durable remplacent les Objectifs du millénaire pour le développement arrivant à échéance et exhortent à un changement bien plus ambitieux d’ici 2030. Un enfant instruit est bien entendu davantage susceptible d’avoir ses chances sur le marché du travail. Mais cette éducation doit également lui apporter les compétences pertinentes pour ce marché. De nombreuses études démontrent que, lorsqu’elles se développent et renforcent leur système éducatif, les sociétés connaissent également une plus grande croissance et la stabilité économique, ce qui leur est nécessaire afin de permettre à davantage de jeunes de travailler.
Les ingrédients du succès
S’attaquer durablement au chômage des jeunes nécessitera de mettre à la disposition des pays en développement des ressources suffisantes pour bâtir un système éducatif durable bénéficiant à tous les enfants et tous les jeunes. L’UNESCO estime que donner à chaque enfant dans le monde d’ici 2030 une éducation de qualité nécessitera un financement annuel de 39 milliards de dollars au-delà du financement actuel par les pays donateurs et les autres entités.
Le Partenariat mondial pour l’éducation constitue une importante source de financement pour l’éducation dans 60 pays en développement, en particulier des pays touchés par un conflit ou une crise. Dix-huit des 60 pays en développement partenaires du Partenariat mondial sont situés en Afrique francophone, et la France est un partenaire donateur proche du Partenariat mondial pour l’éducation. À l’avenir, nous comptons sur la France pour continuer à figurer parmi les fermes défenseurs de l’éducation primaire et du premier cycle du secondaire dans les pays en développement, à la fois de façon bilatérale et multilatérale.
Tandis que nous sommes confrontés à un chômage durable, nous devons écouter et mobiliser ceux qui sont les premiers touchés : les jeunes. Au Partenariat mondial pour l'éducation, nous avons formé un groupe d'ambassadeurs de la jeunesse – dont Malala Yousafzai, Prix Nobel de la Paix l'an dernier pour son travail en faveur de l'éducation des filles. Ces jeunes gens nous apportent un éclairage précieux sur l'éducation dans le monde. Ils ont commencé à lancer dans leur pays des campagnes de sensibilisation à l'importance de l'éducation, galvanisant un mouvement en plein essor de jeunes activistes afin de renforcer leurs appels à l'action.
Ils nous incitent à prendre des mesures audacieuses. Malala a récemment souligné que trouver les ressources pour instruire les enfants du monde nécessitera un changement radical de mode de pensée et d’action. "Si le monde cessait les guerres ne serait-ce qu’une semaine" a-t-elle déclaré "tous les enfants pourraient aller à l’école et apprendre pendant un an."
Cela semble difficilement imaginable aujourd’hui. Mais si Malala peut défier les attaques féroces suscitées par son propre désir d’éducation et appelle à l’éducation des filles partout dans le monde, nous pouvons également mobiliser un peu de son courage et de sa détermination pour résoudre le double problème du chômage des jeunes et du niveau trop élevé d’enfants non scolarisés.