Tribune. Lutter contre les changements climatiques sans impliquer les villes est impossible. Elles sont responsables de 70% des émissions de gaz à effet de serre et d'ici 2050, 70% de la population vivra en milieu urbain. Beaucoup de ces gens habiteront dans des taudis ou des bidonvilles si la transition écologique ne devient pas tout de suite intégrée aux programmes de développement urbains.
Les villes ont déjà des résultats impressionnants dans ce domaine. Copenhague, par exemple, s’est fixée pour objectif de devenir la première capitale à empreinte carbone neutre dès 2025. A moyen terme, le but de Copenhague est de réduire ses émissions de CO2 de 20% en 2015. Depuis que la ville a réduit ses émissions totales de 31% entre 2005 et 2014, le décor est planté. Sur la même période, la croissance économique de Copenhague a été bonne et sa population a augmenté alors que dans le même temps, les émissions de CO2 par habitant ont largement diminué.
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Le vélo est le cœur de la transition écologique amorcée par Copenhague. 63% des Copenhagois l'utilisent pour aller à l’école ou au travail tous les jours. La ville compte une voiture pour quatre vélos. Cela rend non seulement les habitants heureux et en bonne santé, mais facilite aussi les autres formes de transports publics, privés ou commerciaux qui peuvent circuler dans une ville moins embouteillées.
Un changement dans notre façon de produire de l’énergie explique aussi en partie ces bons résultats. A moins de trois kilomètres du centre de Copenhague, trois éoliennes ont été mises en service au début de l’année 2014. Elles génèrent assez d’électricité pour alimenter 3 000 foyers. Avec vingt éoliennes offshore supplémentaires dans le détroit de l’Øresund, 5% des besoins de la ville en électricité sont couverts par des énergies renouvelables, mais la municipalité s’est engagée à faires des efforts considérables pour atteindre le chiffre des 100% en 2025.
Beaucoup de ces initiatives sont mises en place sans l’aide du gouvernement. Partout dans le monde, les villes se battent pour obtenir des financements pour des projets écologiques, parfois les législations nationales les empêchent même carrément de tester de nouvelles solutions. C’est un paradoxe. Selon un rapport du Global Commission on Economy and Climate, les villes pourraient émettre 3,7 gigatonnes d’émissions carbone par an d’ici 2030. Cela représente une part importante des 80% de réduction d’émissions globales qu’il faudrait atteindre pour éviter le pire en 2050.
Les chefs d’Etats qui seront à la table des négociations à Paris fin novembre ont une tâche énorme devant eux. La bonne nouvelle, c’est qu’ils ont aussi entre les mains un outil très efficace pour lutter contre les changements climatiques. Laissez vos villes agir !