Tribune. Oui, l'agriculture peut être compatible avec l'écologie, mais pas n'importe quel type d'agriculture. Certaines formes d'agriculture contribuent lourdement au changement climatique alors que d'autres formes, et notamment l'agroécologie, y contribuent beaucoup moins et peuvent même contribuer à fixer une partie du carbone atmosphérique et donc contribuer à lutter contre le changement climatique.
Aujourd'hui l'agriculture contribue à hauteur de 25% au changement climatique mondial, et près de 50% si on y inclut l'ensemble du système alimentaire, c'est-à-dire l'ensemble des activités de transformation et de transport liées à l'agriculture et à l'alimentation.
Une première priorité doit être plus globalement d’appuyer l’agriculture familiale à travers le monde pour qu’elle engage une vers l’agroécologie, c’est-à-dire une agriculture basée sur la valorisation des potentiels des écosystèmes, de façon à pouvoir à terme se passer d’intrants chimiques tout en augmentant la fertilité des sols et la production non agricole. L’agroécologie permet de lutter contre le changement climatique, mais elle permet aussi aux agriculteurs de s’adapter aux impacts du changement climatique, d’accroître leur productivité et d’améliorer la sécurité alimentaire.
Par ailleurs, 10% de l’ensemble des GES proviennent de la déforestation liée à l’agriculture. Lutter contre la déforestation constitue donc une priorité majeure. Or, la déforestation est essentiellement dûe aujourd’hui à la croissance d’activités d’élevage en Amérique Latine, de production d’aliments pour le bétail (et notamment le soja en Amérique du Sud) et d’huile de palme et autres productions notamment pour la fabrication d’agrocarburants.
Une deuxième priorité pour la lutte contre le changement climatique doit donc être de relocaliser la production des aliments du bétail dans chaque territoire au moyen de plantes capables de fabriquer gratuitement des protéines à partir de l'azote de l'air plutôt que d'importer du soja d'Amérique du Sud.
Une troisième priorité doit être d'en finir avec la production d'agrocarburants sur des terres ou avec des produits qui sont en concurrence directe avec les usages alimentaires.
Une concerne les modèles de consommation des pays riches. Leur population surconsomme des produits d’élevage par rapport aux besoins physiologiques. Or l’élevage contribue fortement à l’émission de GES. Il faut organiser une transition dans les pays riches vers une consommation rééquilibrée avec moins de protéines animales, mais aussi en finir avec les processus de sur-transformation de produits agricoles, les emballages excessifs, les pertes et gaspillages (estimées à 25% de la production) et aussi le transport massif de produits agricoles d’un bout à l’autre de la planète, en vue de favoriser une relocalisation des productions.