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Forum citoyen au Gabon

«Nous agissons à travers le plaidoyer, la dialogue, la sensibilisation»

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Georges M'Paga est le président du réseau des organisations libres de la société civile pour la bonne gouvernance au Gabon, il fait le point sur le rôle de la société civile en Afrique. Interview.
publié le 8 octobre 2015 à 13h58

Georges M'Paga participera à la table ronde "Elus, citoyen : qui décide ?" vendredi 9 octobre de 9h à 11h à la salle de conférence du stade de l'Amitié de Libreville.

Vous présidez le réseau des organisations libres de la société civile pour la bonne gouvernance au Gabon, quel est votre rôle  ?
Le réseau est né en 2008 dans le cadre du programme d’appui de l’Union Européenne aux acteurs non étatiques au Gabon. Nous travaillons principalement dans le domaine de la gouvernance. Nous participons à l’élaboration d’instruments qui permettent d’améliorer le processus démocratique et intervenons pour faciliter l’organisation d’élections transparentes, crédibles, honnêtes et acceptées de tous. Nous formons les populations à l’exercice de leurs droits civils et politiques, en premier lieu le droit de vote. Nous considérons que les élections sont le socle de la démocratie. Nous œuvrons aussi dans le domaine de la transparence et de la lutte contre la corruption, en partenariat  avec la commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite et de nombreuses organisations non gouvernementales, nationales et internationales. Nous travaillons pour la défense des droits de l’homme et collaborons avec le Haut-Commissariat aux Nations Unies. Nous combattons le développement des armes légères qui sont des facteurs de déstabilisation en Afrique centrale. 
Votre réseau s’inspire t-il d’autres mouvements citoyens ? 
Il y a bien sûr les mouvements de lutte pour les droits civils et politiques aux États-Unis mais aussi l’alliance mondiale Civicus pour la participation citoyenne, les forums altermondialistes, des associations comme Sherpa, le secours catholique ou la coalition «Publiez ce que vous payez», qui nous a beaucoup formés. Nous nous inspirons des méthodes d’actions non violentes développées par l’universitaire américain Gene Sharp, auteur de l’essai De la dictature à la démocratie, véritable manuel pour tous les activistes. Nous nous inspirons aussi du groupe de contestation «Y en a marre» au Sénégal et de tous les mouvements actuels en Égypte, en Tunisie, au Burkina Faso. 
Quelles sont les actions mises en place, comment agissez-vous ?
Nous agissons à travers le plaidoyer, la dialogue, la sensibilisation et des actions sur le terrain. Nous formons les jeunes à la participation politique, nous organisons des ateliers, des forums nationaux, des universités d’été qui permettent d’impulser une culture politique. Nous formons des citoyens. Nous intervenons pour la défense des droits de l’homme, nous mobilisons des ambassades, des avocats pour libérer des détenus. Nous utilisons les réseaux sociaux et organisons des émissions pour expliquer nos activités.
Quel est le rôle spécifique de la société civile en Afrique ?
C’est un rôle de contrepoids et de force de proposition, une forme d’alternative. On l’a vu au Burkina Faso, la société civile était aux premières loges pour contrecarrer le coup d’état. Nous sommes là pour que la démocratie se répande. Nous essayons de mobiliser les populations pour qu’elles soient le porte-drapeau de cette lutte. Le rôle de la société civile est de porter les causes de la population car aujourd’hui les chambres nationales ne remplissent pas leur rôle de contre-pouvoir. C’est un rôle capital pour faire avancer la démocratie et exercer un contrôle citoyen sur l’action publique. 
Quelles sont aujourd’hui les attentes de la jeunesse africaine ? 
La jeunesse attend une démocratisation des Etats africains avec une véritable alternance démocratique. Les jeunes africains rêvent d’un autre modèle de gouvernance dans leurs pays. Il y a un désir d’une nouvelle expérience démocratique, de voir émerger une nouvelle élite politique. Nous voulons voir les jeunes participer à la prise de responsabilité politique. Le monde du travail dépend également beaucoup de la bonne gouvernance. Il est difficile d’investir dans un pays qui ne sécurise pas ses investissements. Pour donner des perspectives d’emplois aux jeunes, il faut qu’investir en Afrique ne soit plus perçu comme un risque.