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«La démocratie est un apprentissage»

Maximilienne Ngo Mbe, directrice exécutive du Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale, fait le point sur l'avancée des droits de l'homme sur le continent.
Maximilienne Ngo Mbe participera au débat "Journalistes en Afrique" samedi 10 octobre de 18h30 à 20h à la salle de conférence du stade de l'Amitié de Libreville.
publié le 9 octobre 2015 à 0h03
Quel est le rôle du Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (Redhac) ?
C’est un réseau qui protège et fait la promotion du travail des défenseurs des droits de l’homme dans huit pays d’Afrique centrale (le Cameroun, le Gabon, la Centrafrique, la République Démocratique du Congo, le Congo Brazzaville, le Tchad, la Guinée équatoriale et Sao Tome et Principe). On apporte un soutien multiforme aux défenseurs, on les accompagne et on les soutient notamment en période d’élection. On les accompagne aussi sur les questions de terrorisme car souvent ce sont les défenseurs qui rapportent les exactions commises par les groupes terroristes. Nous avons également fait des campagnes pour la lutte contre l’impunité, notamment sur les questions d’homophobie en Afrique centrale. Souvent les défenseurs sont en danger et notre rôle premier, c’est de les protéger et de les mettre en sécurité.
Comment jugez-vous la question des droits de l’homme en Afrique centrale ? 
C’est mitigé. On ne peut pas dire que nous n’avons pas fait des avancées, ce ne serait pas normal parce que nous avons lutté dur pour avoir certains droits comme la liberté d’association, de manifestation ou d’expression. Il reste cependant beaucoup à faire. La démocratie est un apprentissage. Nos gouvernements sont en apprentissage, ils sont en train de s’imprégner de la démocratie. Mais c’est aussi cet apprentissage qui va permettre à la société civile et les gouvernements de pousser ensemble pour qu’on y arrive et je pense qu’on va y arriver.
Les droits de l’homme et la démocratie s’acquièrent aussi par le dialogue avec les gouvernements ?
Bien sûr ! On ne peut pas dire que l’on exclut le dialogue, cela accompagne le respect des droits de l’homme. Mais il ne faut pas que cela devienne un jeu de dupe avec d’un côté la société civile qui essaie de dialoguer et de l’autre côté un gouvernement qui ne veut pas considérer la société civile comme un partenaire mais comme un adversaire. Nous pensons qu’il faut un dialogue constant, permanent parce que nous avons notre mot à dire et qu’ils ont aussi leur mot à dire. C’est comme cela, ensemble, que nous pouvons aller de l’avant pour la démocratie. Quand la démocratie, le respect des droits de l’homme et la lutte contre l’impunité sont réunis, cela permet d’ouvrir la porte du développement. Attention, la société civile n’est pas là pour caresser les gouvernements dans le sens du poil. Leur rôle est de dénoncer et faire des recommandations et elle attend que les gouvernements prennent en compte ces recommandations. C’est encore trop rarement le cas aujourd’hui mais de temps en temps on voit aussi des avancées.
Il y a donc de l’espoir…
Oui, il y a quand même du dialogue. On ne peut pas dire que ce soit hermétiquement fermé, il y a du chemin à faire, on voit des évolutions encourageantes. Il faut aller de l’avant, l’Afrique centrale en est capable.