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Libération
Interview

«L’économie circulaire peut aujourd'hui générer 50 000 emplois en Ile-de-France»

Alors que vient de débuter la 8e édition du mois de l'Economie Sociale et Solidaire, Antoinette Guhl l'adjointe d'Anne Hidalgo à l'ESS, l'innovation sociale et l'économie circulaire fait le point sur un modèle économique qui a encore beaucoup à offrir. Interview.
Antoinette Guhl, adjointe à la mairie de Paris en charge de l'économie sociale et solidaire, de l'innovation sociale et de l'économie circulaire. (Photo DR)
publié le 2 novembre 2015 à 12h04
(mis à jour le 2 novembre 2015 à 18h10)
Quelles sont les actions de la mairie de Paris en faveurs de l’entrepreneuriat social et de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS) ?
Nous avons orienté notre politique d’ESS et d’innovation sociale autour de trois axes. Tout d’abord le soutien à la création d’entreprises sociales. Au dernier conseil de Paris, plus d’un million et demi d’euros ont été attribués pour soutenir les réseaux qui forment et accompagnent les entrepreneurs sociaux. Le deuxième axe est celui de l’initiative écologique qui porte un potentiel d’emploi extrêmement important. L’économie circulaire peut aujourd’hui générer 50 000 emplois en Ile-De-France. Je pourrais vous citer plein d’exemples, comme Carton Plein qui est une entreprise qui recycle des cartons pour les revendre à petit prix en cartons de déménagement. Aujourd’hui, Carton Plein emploie une dizaine de personnes qui étaient pour la plupart auparavant sans-abri. Et puis, le troisième axe, c’est le développement des circuits courts notamment ceux liés à l’alimentation.
En quoi est-ce important pour la ville de Paris de pousser ce type de modèles alternatifs ?
Aujourd’hui, nous devons faire face à deux grands enjeux : l’environnement et l’emploi. L’Economie Sociale et Solidaire peut apporter des réponses à ces deux problématiques. Elle créé de l’emploi, elle représente 150 000 emplois à Paris, et c’est un modèle qui résiste beaucoup mieux à la crise. Et puis, elle répond aussi aux problématiques environnementales, que ce soit dans les déchets, la végétalisation de la ville, dans l’agriculture urbaine, dans l’alimentation ou dans l’énergie, des structures de l’ESS développent des solutions.
A quelques jours de la COP21, les questions environnementales sont au cœur du débat public…
Les questions environnementales sont une réelle préoccupation et particulièrement en ville. La COP21 est une rencontre diplomatique, les chefs d’Etats du monde entier vont se réunir à Paris pour décider de l’avenir de la planète, c’est un moment important. Toutefois les collectivités locales ont un rôle majeur à jouer dans ce combat car c’est dans les villes que s’inventent les solutions et l’ESS en est en partie porteuse. C’est une économie qui invente de nouveaux modes de production et de consommation. Aujourd’hui, c’est notre modèle de développement qui doit être réinventé et l’ESS participe de cette réinvention.
On a l’impression que localement les villes portent de plus en plus d’intérêt à l’ESS et à l’entrepreneuriat social mais pensez-vous que l’Etat en fasse suffisamment pour promouvoir ces modèles économiques ?
L’ESS aujourd’hui  c’est 10% du PIB en France et plus de 10% des emplois. Cela représente plus que le secteur du bâtiment ou de l’agroalimentaire en termes d’emplois mais ce n’est que 0,5% de l’aide aux entreprises soit 4,5 millions d’euros. Par ce désengagement l’Etat tourne le dos aux entrepreneurs sociaux. Alors qu’il devrait être un élément majeur d’une politique économique de gauche.