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Libération
Interview

«Nous gérons et planifions cette entreprise pour qu’elle n'ait pas uniquement un but lucratif»

Julie Dautel et Cédric Tomissi ont cofondé le projet Zéphyr, un dispositif est équipé d'une voile photovoltaïque qui permet de capter l'énergie solaire en hauteur pour la ramener au sol. Interview
Julie Dautel, ici avec Cédric Tomissi, participera au débat «Quelle énergie ?» des Rencontres de l'entrepreneuriat social le 5 novembre de 19h à 20h30.
publié le 2 novembre 2015 à 12h09
Expliquez-nous ce qu’est le projet Zéphyr ?
Julie Dautel : Zéphyr est un kit énergétique vert 100% autonome. Cela prend la forme d’un ballon photovoltaïque. Le ballon est gonflé, un câble le relie au sol à un caisson technique qui permet de normaliser, stocker et redistribuer l’électricité. C’est une solution d’électrification pour les sites isolés. Cela permet par exemple de déployer rapidement un moyen de produire de l’énergie sur un campement humanitaire et l’avantage c’est qu’il est mobile.
D’où vous est venue l’idée ?
Cédric Tomissi : En fait avec Julie, on s’est rencontré dans un concours étudiant dont l’intitulé était «Energie du futur». Etant designers c’est là que l’on a également rencontré des ingénieurs et que l’idée à germé. Aujourd’hui, nous sommes une entreprise en cours de création, pour dire les choses telles qu’elles sont, nous sommes une start-up. On est en train de réfléchir à l’industrialisation de notre produit, on est aussi en train de penser à une stratégie d’entreprise un peu plus large pour savoir comment nous allons atteindre notre marché. Un premier prototype sera lancé en 2016, on espère qu’il nous permettra de lever des fonds pour passer à la vitesse supérieure d’ici 2017.
Est-ce que vous vous considérez comme des entrepreneurs sociaux ?
Cédric Tomissi : Moi je dirais oui. Le cœur de notre démarche est vraiment de répondre à des besoins vitaux pour des populations touchées par des problématiques qui nous nous dépassent. Notre stratégie d’entreprise est tournée vers la satisfaction de besoins primaires de populations qui sont dans la précarité. Et puis l’autre aspect, c’est que nous gérons et planifions cette entreprise pour qu’elle ne soit pas uniquement une entreprise à but lucratif. Les choix que nous faisons ne sont pas uniquement tournés vers l’argent mais aussi vers l’impact social de notre projet.
Auriez-vous pu entreprendre dans un secteur différent et pas forcément «socialement responsable» ?
Cédric Tomissi : Je ne pense pas. Dans un autre domaine que l’énergie peut-être, mais en dehors de l’aspect social, c’est sûr que non. C’était vraiment la base de notre projet. On a commencé l’aventure sans vraiment imaginer que cela allait déboucher sur une création d’entreprise.
Julie Dautel : On est tout les deux issus d’une formation de designer produit donc nous avons vraiment été formé à mettre l’usager au cœur du produit et non l’inverse.
De plus en plus de jeunes se lancent dans l’entrepreneuriat social, comment expliquez-vous cela ?
Julie Dautel : C’est difficile à expliquer. Je pense qu’il y a tous types d’entrepreneurs même chez les jeunes. Nous forcément, on s’entoure particulièrement de personnes qui partagent notre vision, mais on ne peut pas dire que l’on n’a jamais rencontré de jeunes entrepreneurs aux dents longues.
Cédric Tomissi : Ce dont on se rend compte, c'est qu'il y a quand même un accès à la création d’entreprise qui est un peu démystifié. On peut se lancer dans l’entrepreneuriat sans avoir envie de brasser des millions. Aujourd’hui, c’est peut-être plus facile de pouvoir devenir entrepreneur que cela ne l’était il y a quelques années. Je pense que le secteur est de moins en moins hermétique à des profils qui ne sont pas issus du milieu business. Et c’est peut-être cette diversité de profils qui fait aussi que l’on voit aussi naître une diversité de projet. Aujourd’hui, en partant de rien, on peut réussir à monter un projet.