Kianoush Ramezani, dessinateur de presse iranien exilé en France
«Il m'arrive d'être inquiet avant de dessiner, surtout depuis l'attentat contre Charlie Hebdo. Mais je me rappelle alors que si j'ai fui mon pays pour venir habiter en France, c'est pour avoir une liberté de dessiner totale. Ici, il n'y a pas de tabous, pas d'interdits. Je veux continuer à utiliser ma liberté d'expression. Même s'il y aura toujours des mécontents. Le plus grand danger, c'est l'autocensure.»
Caroline Fourest, journaliste et essayiste
«Lutter contre l’autocensure est un combat permanent. Le pire, c‘est la réaction de nos collèges, qui par confusion ou par peur, pratiquent l’autocensure.»
«Chaque jour renait une polémique suite à des dessins publiés dans Charlie Hebdo. Cela empire à mesure qu'on s'éloigne du choc 11 janvier, avec le retour de cette petite musique du «Je ne suis pas Charlie», «C'était du blasphème». On entend de plus en plus tous des rebelles de l'esprit du 11 janvier.»
«L’humour est universel mais il n’a pas les mêmes codes selon le journal qui produit l’humour. Un même dessin peut avoir des intentions différentes s’il est publié dans Minute ou Charlie Hebdo. On ne peut pas lire un dessin en dehors de son contexte.»
«La protection d’une conférence dans les pays anglo-saxons où intervient quelqu’un de Charlie coûte 20 000 dollars. Cela a conduit beaucoup d’universités et organisateurs à annuler les interventions faute de moyens. C’est un vrai problème pour la liberté d’expression car les pro-terroristes et pro-islamistes, qui sont invités au titre du pluralisme, ne coûtent rien, eux. »
Christophe Deloire, secrétaire général de Reporter Sans Frontières
«Actuellement 180 journalistes professionnels sont en détention dans le monde pour avoir fait leur travail. C’est un chiffre stable. Mais à cela, s’ajoute un nombre aussi élevé de journalistes citoyens emprisonnés.»
«L’arrivée de grands groupes et oligarques au capital d’organes de presse risque de faire émerger une information soumise à leur dictée. Il faut qu’une expression journalistique indépendante demeure. Cela nous touche de très près car les médias en question, comme la CCTV, diffusent en anglais et désormais en français. La mondialisation a gagné l’information. Désormais quand on parle de liberté d’expression, il faut raisonner de manière globale.»
«Le problème de conflits d’intérêt économique (avec les actionnaires, les annonceurs et les partenaires) existe aussi en France et il est grandissant. Il est indispensable de légiférer en la matière, en appliquant les principes d’indépendance niveau des conseils d’administration notamment. L’information doit demeurer désintéressée.»