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Emilie Patoux, factrice et plus encore

Chaque matin, entre 6h50 et 13h30, elle fait sa tournée à Saint-Sylvain-d’Anjou dans en Maine-et-Loire. Un travail qui ne cesse de se transformer en même temps que la société. Rencontre.
Facteo, un outil digital de La Poste. (© La poste)
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publié le 13 mai 2016 à 18h16

Sonner chez les gens, remettre le courrier, mais aussi s’arrêter pour discuter cinq minutes, prendre des nouvelles, parfois un café, et rendre service. Voilà ce qu’elle aime, raconte-t-elle avec un enthousiasme communicatif. Devenue factrice il y a cinq ans, au moment où la baisse des volumes de courrier s’est accélérée, Emilie Patoux, 33 ans est pourtant confiante : «la distribution de courrier représente une partie de moins en moins centrale dans notre travail. Nous proposons à côté tout un éventail de services. On se sent ainsi de plus en plus utile. C’est rassurant pour notre avenir.» Parmi ses nouvelles prérogatives ? Le retour de vêtements du pressing, l’installation d’équipements le portage de médicaments, la collecte des papiers à recycler… Bientôt, elle pourra également rendre visite aux proches des familles qui auront souscrit au service «Veiller sur mes parents» pour apporter de la proximité humaine. Et avec la mise en place d’un bouton connecté, elle sera prochainement habilitée à préparer les colis pour le compte de ses clients. Ces derniers n’auront plus qu’à mettre l’objet à envoyer dans leur boîte aux lettres, envoyer un signal via le bouton connecté placé lui aussi dans la boîte aux lettres, et entrer les coordonnées du destinataire via une application dédiée. «Je serai alors informée de la position du colis à aller chercher, et je me chargerai de son emballage, de son affranchissement et de son envoi», explique la factrice, en insistant sur son rôle de «tiers de confiance» cher à l’entreprise : «On reste dans une logique de lien et de service. Cela se faisait déjà un peu à la campagne, mais de façon informelle. Grâce au numérique, cette logique est tout simplement en train de se généraliser.»

Améliorer le service

Au CES de Las Vegas, où la jeune femme s'est rendue début janvier pour présenter les transformations numériques de La Poste avec cinq autres collègues, ces dernières initiatives ont fait sensation. «Les Français présents sur le salon étaient à la fois surpris de nous voir dans ce temple des nouvelles technologies, et contents de voir que La Poste évoluait. Savoir que le facteur de leur enfance sera toujours là dans quelques années, avec sa voiture jaune et son gilet bleu, a quelque chose de sécurisant. C'est comme le boulanger, il a toujours fait partie du paysage, on n'imagine pas le voir disparaître», dit-elle. Mais ce qui a le plus marqué la jeune femme, ce sont les facteurs américains. «On imaginait des postiers hyperconnectés, avec des tas de gadgets sur eux, et on s'est rendu compte à quel point nous étions en avance. Lorsqu'on leur a parlé de la gamme de services que nous proposons, ils ont halluciné. Ils ont adoré aussi Facteo, le terminal mobile qui nous permet de faire signer les recommandés, d'identifier les procurations et d'organiser le suivi des réexpéditions. Grâce à lui, plus de bordereaux à remplir à la fin de la tournée, plus de papiers à imprimer. On gagne du temps et on rend un meilleur service. C'est vrai qu'il y a de quoi être envieux», s'amuse-t-elle.

je ne connais pas un collègue qui voudrait revenir au temps d’avant Facteo

Bien sûr, tous les facteurs ne sont pas aussi enthousiastes. Lorsqu’il s’agit d’innovations numériques, les anciens bloquent parfois. Mais il suffit souvent de les accompagner dans leurs premières démarches pour les rassurer, rassure la factrice. «Aujourd’hui, je ne connais pas un collègue qui voudrait revenir au temps d’avant Facteo.»