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L’État Social : fléau ou solution ?

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Accusé par certains d’être un frein à la compétitivité, il est pour ses défenseurs un moyen d’amortir les difficultés de la vie. Récit de ce deuxième débat du Forum : «France, un modèle social à suivre ?».
Paris, 17 septembre 2016. Forum Libération. D (© Photo Marc Chaumeil pour Libération )
publié le 17 septembre 2016 à 18h02

Fiscalité trop lourde, allocations inefficaces, code du travail trop protecteur : l'État providence serait la source de tous les maux d'une société française bloquée. Une vision réductrice de cet héritage de l'après-guerre qui possède aussi des vertus, la principale étant son rôle d'amortisseur des aléas de l'existence : chômage, problèmes de santé, etc. Pour Louis Gallois, président du conseil de surveillance de PSA Groupe et président de la Fnars, «la solidarité n'est pas un coût mais un investissement pour aboutir à une société plus résiliente». Belfortin depuis plusieurs générations, Christian Schmidt de La Brelie, directeur général de Klesia, se saisit de l'actualité de la fermeture de l'usine Alstom pour regretter «l'incapacité des pouvoirs publics à anticiper et accompagner ce changement». Pour lui, notre modèle de santé n'est pas antinomique avec la compétitivité des entreprises, à condition de savoir anticiper, comme le font certaines entreprises en instaurant des programmes de bien être au travail, car «un salarié en bonne santé est plus efficace».

Comment mesurer la performance de l’Etat Social ?

Les économistes de toutes obédiences s'interrogent sur la possibilité d'évaluer la performance économique de l'État social. Pierre Pestieau cite une étude de l'OCDE qui a étudié cet indicateur dans 15 pays européens sur 20 ans : «La France se situe au milieu en termes de santé, d'éducation, d'emploi, de pauvreté et d'inégalité. Mais ça ne durera pas si on ne met pas en place certaines réformes». Par exemple, expliquer au public que la suppression de niches fiscales est positive pour la collectivité. Comme le rappelle Laurent Joffrin, il y a unanimité sur l'obligation d'une réforme, le débat concernant l'ampleur des changements à apporter.

Christophe Ramaux membre des Économistes Atterrés, remet les choses en perspective. Pour lui, les 1200 milliards de dépenses publiques, soit 57 % du PIB, ne sont pas un problème : «dans tous les pays du monde, il existe une économie mixte, faite d'initiative privée et d'intervention publique. Le danger, c'est l'idéologie libérale qui privilégie les actionnaires».

L’éducation comme solution

Jean Pisani-Ferry, commissaire général de France Stratégie (l'ex commissariat au Plan), pense au contraire que la dépense publique n'est pas la panacée. Et de citer l'exemple du logement, pour lequel l'Etat investit 45 milliards par an pour de résultats «peu performants». Pour lui, «les efforts doivent être concentrés sur l'éducation, en particulier l'école primaire et l'enseignement supérieur, car l'école ne corrige plus les inégalités sociales». Des jeunes qui ne croient plus au système de retraite et, comme le dit un participant, «quittent le pays pour aller travailler ailleurs». «Les jeunes afghans sont plus confiants que les jeunes français dans leur système de retraite !» s'exclame Christian Schmidt De La Brelie, qui compte beaucoup sur certaines innovations en matière de formation, comme le Compte Personnel d'Activité. Louis Gallois conclue en rappelant que «la fraude fiscale coûte 180 milliards contre 350 millions pour la fraude au RSA. Cessons de vivre sur des mythes». Message adressé à tous les prétendants à la présidence la République.