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La nature en ville, ce n'est pas seulement des espaces verts !

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Comment retisser le lien entre homme et nature en milieu urbain ? Récit de la troisième rencontre du Forum «Citadins & Citoyens».
Débat «La nature en ville ?», modéré par Sibylle Vincendon, avec Alain Baraton (jardinier en chef du château de Versailles), Alexandre Chemetoff (architecte-paysagiste), Alain Divo (spécialiste de l’éco-pâturage et Franck Michigan (architecte du mur végétal du BHV MARAIS). (© Photo Camille Mouat pour Libération)
publié le 26 septembre 2016 à 16h51

Cette journée sans voiture tombait à point nommé pour évoquer la place de la nature dans la ville. Mais quelle place occupent véritablement ces espaces verts en milieu urbain ? Les murs végétaux s'immiscent dans la ville, à l'instar de la façade végétale du BHV MARAIS pensée par l'architecte Franck Michigan pour qui «la végétalisation apporte de la fraîcheur par évaporation, favorise la biodiversité et permet aussi de ramener une certaine saisonnalité dans les villes».

A ses côtés, Alain Baraton, jardinier en chef du Château de Versailles, milite pour une nature plus primitive, des jardins plus naturels «s'asseoir sur une pelouse, être en contact direct avec l'herbe, c'est un confort visuel mais aussi psychologique». Si le mot nature évoque aussitôt le végétal, il ne faut pas oublier animaux et insectes, qui font partie intégrante de l'écosystème, comme le rappelle Alain Divo, spécialiste de l'éco-pâturage : «je suis exploitant agricole, architecte paysagiste et passionné d'ornithologie. Or, les oiseaux disparaissent de nos villes à vitesse grand V». Pour aider à restaurer cette biodiversité, il élève des chèvres dans les fossés du Jardin des Tuileries et dans les parcs d'Ile de France comme celui de la Courneuve. Des animaux qui font office de tondeuses autoportées, celles-ci «rejettent autant de CO2 que 40 voitures», précise Alain Divo. Pour Alexandre Chemetoff, architecte-paysagiste, il n'est pas de nature sans histoire ni géographie, «c'est une notion fondamentale, chaque action est localisée, on ne travaille jamais à partir d'une page blanche», explique le fondateur du Bureau des paysages.

Parfois, la nature est injectée dans la ville au forceps. Les arbres du boulevard Saint-Germain, emprisonnés dans leurs cerclages en fer évoquent à Alain Baraton des «hirondelles en cage» : «planter des platanes le long du trottoir, est-ce vraiment intelligent ? s'insurge-t-il, l'idée de jardin urbain est récente et en période de campagne électorale, l'arbre devient un allié des candidats qui se déclarent tous sensibles au végétal.» D'autres fois, les politiques passent le relai au citoyen, comme «le permis de végétaliser, (organisé par la ville de Paris ndlr) qui autorise les citadins à cultiver des plantes sur les trottoirs» explique Alexandre Chemetoff. Des microjardins qui pourraient bien favoriser le retour du moineau parisien, cher à la môme Piaf.