Le 14 janvier, Libération organise «Quand l'eau révèle le monde», une journée de débats au siège de la rédaction. Inscrivez-vous ici pour y assister.
Trois questions à Stéphanie Pincetl, professeur à l’UCLA.
On dit souvent qu’en Californie, les usages de l’eau ne sont pas maîtrisés. Qu’en est-il?
En Californie, l’Etat n’a souvent aucun moyen de contrôler les quantités d’eau puisées dans la nappe phréatique, l’extraction n’est pas assez régulée. Notre gestion de l’eau est complètement archaïque et remonte au début du XXeme siècle, à une époque d’abondance. Aujourd’hui, l’eau se fait rare mais les lois qui la régissent n’ont pas beaucoup changé. Les nouvelles exploitations agricoles sont toutefois plus régulées que les anciennes. Ces dernières peuvent puiser de manière presque illimitée sans être inquiétées, comme si l’eau etait disponible en abondance. Alors pourquoi s’en priveraient-elles ? Nous avons besoin d’outils légaux pour empêcher une surconsommation.
Le problème vient donc des exploitations agricoles ?
Le problème vient surtout des exploitations agricoles, plutôt que des villes. Los Angeles par exemple, n’utilise pas plus d’eau qu’en 1975 malgré l’accroissement de la population. Certaines cultures en revanche, comme celle de l’amande, sont très gourmandes en eau. Comme c’est une denrée très demandée, les exploitations s’étendent et les gros producteurs continuent à creuser profond pour disposer sans vergogne les quantités d’eau nécessaire aux récoltes.
La technologie et l’innovation peuvent apporter des solutions ?
Les exploitations californiennes bénéficient déjà de systèmes très perfectionnés, y compris en ce qui concerne l’irrigation. La technique du mulch par exemple, permet de maintenir l’humidité dans les sols, mais cet usage n’est pas assez répandu. C’est dommage. Alors que la nappe phéatique s’épuise, limiter notre consommation d’eau, changer de système n’est pas seulement nécessaire, c’est inévitable.