Le 14 janvier, Libération organise «Quand l'eau révèle le monde», une journée de débats au siège de la rédaction. Alain Boinet participera à la table ronde «La géopolitique de l'eau». Inscrivez-vous ici pour y assister.
Si l’accès à l’eau est si simple et évident pour nous, chacun est conscient que l’eau est bien une nécessité quotidienne vitale. Et cela l’est tout autant des toilettes et de l’hygiène. Ce qui est vrai en France, l’est aussi en Haïti, en République Démocratique du Congo, en Syrie ou en Afghanistan. Dans ces pays victimes d’une guerre ou d’une catastrophe naturelle, l’enjeu pour les humanitaires est de répondre rapidement aux besoins vitaux des populations en danger. Ces besoins sont simples et tiennent en 4 mots : boire, manger, être abrité et soigné.
De l’eau potable pour tous ?
Dans une situation de crise, l’eau recèle une autre exigence qui est tout simplement une question de vie ou de mort ! Cette eau doit être potable ! Et cela ne coule pas de source. Aujourd’hui même, et malgré d’énormes progrès qu’il faut saluer, la moitié de l’humanité n’a pas accès à l’eau potable puisque 2 milliards d’entre nous boivent une eau contaminée et 1,5 milliard d’autres consomment une eau rare, chère et de qualité douteuse. Pour l’assainissement, il en est de même puisque 2,5 milliards d’êtres humains n’ont pas accès à des toilettes.
L’eau insalubre est dangereuse. Mais ceux qui la boivent n’ont le plus souvent pas d’autre choix. Les maladies de l’eau non potable sont bien identifiées. La plus répandue est la diarrhée. Si celle-ci est bénigne chez nous, elle peut être mortelle en l’absence de personnels et de structures de santé, de médicaments ! Aux diarrhées s’ajoutent les hépatites, la typhoïde, le choléra. Ces maladies dites hydriques provoquent chaque année 2,6 millions de morts, principalement des enfants de moins de 5 ans ! C’est une véritable hécatombe silencieuse qui tue chaque année plus que les guerres, le sida, le cancer !
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C'est le combat d'une association humanitaire Solidarités International contre l'eau qui tue. Dans les crises humanitaires, il faut selon le contexte utiliser diverses techniques : camion-citerne, station de potabilisation, captage de source sécurisé, réseau d'adduction d'eau. Il en est de même pour les toilettes, l'évacuation des eaux usées et la formation à l'hygiène. Il s'agit aussi d'agir résolument auprès des institutions concernées. Une résolution des Nations Unies votée en juillet 2010 a fait de l'eau potable un droit de l'homme, mais la moitié de l'humanité n'en bénéficie pas encore !
Cinq ans plus tard, en septembre 2015, 195 Etats ont voté à l’unanimité à l’ONU les 17 Objectifs du Développement Durable (ODD) 2015-2030. L’Objectif 6 des ODD prévoit un accès universel à l’eau potable et à l’assainissement. Mais, pour atteindre cet objectif qui sauverait tant de vies, il faut une forte volonté politique, des financements, des indicateurs de suivi et une bonne gouvernance, d’autant que ce sont les Etats qui sont responsables de leur mise en œuvre et que les ODD ne sont pas contraignants et 15 ans c’est court !
Aujourd’hui, nous n’avons aucune raison de croire que nous atteindrons l’accès universel à l’eau potable et à l’assainissement, particulièrement dans les pays victimes d’une guerre ou d’une catastrophe. Mais l’hécatombe provoquée par l’eau insalubre nous fait un devoir d’agir pour qu’une mobilisation mondiale parvienne à réaliser les engagements pris en apportant simplement l’eau potable et l’assainissement partout dans le monde. C’est un espoir immense et un combat humanitaire urgent pour sauver des vies.