Ce 14 janvier, Libération organise «Quand l'eau révèle le monde», une journée de débats au siège de la rédaction.
L'eau doit être envisagée comme un ensemble de «liquides». C'est par cette assertion de Saskia Sassen que démarre ce débat resolument tourné vers l'avenir. «L'eau en ville ce n'est pas que de l'eau potable» poursuit l'enseignante à l'Université Columbia, mais plutôt «un assemblage de différentes qualités d'eau» qui dévoile «un monde d'innovations». Elle cite en exemple cette bactérie qui, introduite dans les eaux sales, produit une molécule de plastique biodégradable. Adjointe à la mairie de Paris en charge du développement durable et présidente d'Eau de Paris, Célia Blauel plaide pour que l'innovation amène avant tout un vrai changement de paradigme : «notre première innovation a été plus philosophique que technique, depuis 2010 Eau de Paris est un organisme 100% public. Cela change la manière dont on se projette dans le futur.»
A leurs côtés, l'hydrogéologue Nathalie Dörfliger résume la qualité de l'eau en France : 65% des masses d'eau souterraines sont en «bon état». Le tiers restant est impacté par l'activité agricole et l'usage de pesticides. Pour y remédier, «des efforts importants sont placés sur les points de captage et les périmètres de protection qui entourent ces zones». Mais là aussi, il faut s'inscrire dans la durée: «c'est un travail de longue haleine, il faut plusieurs décennies pour voir une amélioration», explique-t-elle.
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D'où l'importance d'une démarche concertée, ajoute Michèle Pappalardo, coordinatrice de Vivapolis, le réseau français des acteurs publics et privés de la ville durable. Pierre angulaire de cette coopération, les nouvelles technologies et l'exploitation «intelligente» des datas : «les systèmes de comptage permettent de suivre de manière très fine les consommations et les besoins, de mieux prévoir et organiser les flux et d'éviter une maintenance a posteriori plus coûteuse».
Au fil du débat se dessine une «nouvelle manière de construire la ville», de réduire les risques (inondations...) et de relever de nouveaux défis. Comme celui de désimperméabiliser les sols urbains devenus hermétiques à l'infiltration des eaux pluviales. Vaste programme. Cela implique au préalable de changer «notre culture du génie civil et les habitudes urbanistiques» prévient Michèle Pappalardo. Mais comme le pointe à juste titre un homme dans le public, cette avancée dépend d'abord d'une évolution des modes de gouvernance.