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Eau et climat, l'urgence d'agir

Les intervenants de cette dernière rencontre ont exhorté les citoyens à l’action.
Gilles Boeuf et Lamya Essemlali au débat «Eau et climat», le 14 janvier 2017 au Forum «Quand l'eau révèle le monde». (Photo Laurent Troude pour Libération)
par Maïté Darnault, Correspondance à Lyon
publié le 17 janvier 2017 à 17h51

Le 14 janvier, Libération organisait «Quand l'eau révèle le monde», une journée de débats au siège de la rédaction.

Loin d'être une masse liquide inerte, les océans sont à l'origine de la vie. «La vie marine produit 50% de l'oxygène que nous consommons, c'est la principale machine de régulation du climat, loin devant les forêts. Si l'océan meurt, nous mourrons», lance Lamya Essemlali, présidente de Sea Sheperd France. L'emblème de l'ONG anti-braconnage : la baleine. «Un autre exemple : le requin. Il a cette terrible réputation de mangeur d'hommes, alors que c'est une espèce clé de voûte, un recordman de l'évolution, parfaitement adapté à son environnement.» Son élimination progressive constitue «une bombe à retardement écologique» selon l'activiste, qui estime entre 80 000 et 100 000 le nombre de squales tués chaque année. «Repenser nos modes de consommation, c'est difficile, on considère les poissons comme une marchandise, notre rapport au vivant s'est désinvesti de toute éthique», déplore-t-elle. On parle de «tonnes de poissons», mais pourrions-nous envisager «des tonnes d'hommes ou d'éléphants?»

Biologiste et ancien directeur du Muséum d'histoire naturelle, Gilles Boeuf souligne «l'arrogance et la cupidité» de l'espèce humaine qui accapare 50% des ressources en eau, aux dépens des 20 millions d'autres espèces vivantes. Il ajoute : «l'homme devrait commencer par admettre qu'il fait partie de la biodiversité.» Et d'ailleurs, saviez-vous que nous sommes constitués à 65% d'eau et le cerveau à 80% ?

Pour le climat, «il est déjà trop tard» assène Gilles Bœuf. Alors, pour limiter les dégâts, il faut «se battre tout de suite». Une urgence que partage l'océanographe Laurent Labeyrie, co-président de l'association Clim'actions Bretagne Sud : d'ici un siècle, le niveau de la mer aura très probablement monté d'un mètre. Cela concerne notamment les cinq millions de personnes qui vivent autour du delta du Nil. Le scientifique prône la «responsabilisation» de la société civile : «il faut que les citoyens agissent au niveau des territoires, fassent pression sur les politiques et reprennent confiance dans l'action». Lamya Essemlali acquiesce, qu'importe si le résultat n'est pas immédiat : «il faut agir comme si l'issue ne dépendait que de soi et faire ce que l'on sait être juste».