Dans la révolution du travail en cours, il y a deux manières de rendre un mauvais service aux travailleurs : rejeter la technologie numérique ou croire qu’elle va les sauver. Jouer les Cassandre ou jouer les naïfs. En valorisant l’autonomie, en réduisant la part des tâches répétitives, en accroissant la productivité, le numérique favorise la prospérité et allège le fardeau du salarié. Mais en fragilisant les statuts, en isolant le travailleur, en individualisant à outrance les performances, il peut être la source de nouvelles aliénations.
La question n’est plus d’être pour ou contre. Il s’agit de trouver les règles nouvelles qui permettront de maîtriser la nouveauté. Quelle adaptation pour le droit du travail ? Quelle organisation de l’entreprise ? Quelle sécurité pour l’auto-entrepreneur ? Quel environnement légal pour favoriser l’initiative ? Libérer l’entreprise sans fragiliser le salarié, combattre l’ubérisation sans tuer Uber et ses émules, assouplir l’économie sans détruire le contrat social.
C’est le sens de la journée de débats organisée par Libération dans le cadre du Salon du travail. Loin des envolées creuses sur l’enfer ou sur le paradis numérique, il s’agit de rendre son avenir au monde du travail.