Menu
Libération

Inventer des pôles d’échanges

Franck Dhersin, conseiller régional et président de la commission Transports et grandes infrastructures, vice-président de la communauté urbaine de Dunkerque.
par
publié le 21 mai 2017 à 17h06

La fusion des régions et la loi Notre (sur la Nouvelle organisation territoriale de la République) font des transports une compétence stratégique. Et les Hauts-de-France ont décidé en ce domaine de prendre leur destin en main. Depuis plus d’une décennie, le secteur ne cesse de se renforcer, la compétence transports pèse aujourd’hui environ un quart du budget régional (près d’un milliard d’euros) et intégrera à la rentrée la compétence transports interurbains des départements et les lignes Intercités.

Chef de file de l’intermodalité, nous pouvons désormais proposer de véritables alternatives à la voiture via des solutions combinées sur toute la chaîne des déplacements.

Cependant, de grands défis se posent encore. Premièrement, le désengagement progressif de l’Etat, la baisse des dotations, des ressources limitées et aucun levier fiscal en perspective. Deuxième point, une dégradation continue des infrastructures (13 lignes menacées de fermeture d’ici 2024) délaissées par l’obsession du tout-TGV et surtout les 40 milliards d’euros de dette de SNCF Réseau. Enfin, le sentiment d’abandon des populations rurales les plus isolées à qui il faut de vraies solutions de mobilités vers les bassins d’emplois, les centres urbains et les principaux réseaux de transport.

Le rapport prospectif sur les transports, présenté en juillet dernier par Gérald Darmanin, vise à remédier à ces problèmes. Grâce à des solutions de mobilité régionales rapides, efficaces, écoresponsables pour les personnes et les biens. En favorisant la réindustrialisation du territoire par la logistique, un pôle européen industriel et économique unique de la batellerie et un «Airbus du ferroviaire» autour de Bombardier et d’Alstom près de Valenciennes. Enfin, en militant pour devenir le hub de l’Europe du Nord, véritable pôle d’attraction à la croisée de Paris, Londres et Bruxelles.

Avec Xavier Bertrand, nous agissons donc sur deux axes : d’une part la rénovation du réseau de transports secondaire, vital pour les territoires concernés ; d’autre part le développement de ce réseau en relançant de grands projets d’infrastructures comme le canal Seine-Nord-Europe (qui reliera la Seine à Dunkerque via la Lys et l’Escaut), le réseau express Hauts-de-France (qui reliera l’Eurométropole Lille-Courtrai-Tournai au bassin minier et à la Picardie) et le barreau Roissy-Picardie (qui ouvrira en 2024 la Picardie au bassin d’emploi de Roissy et aux grands axes ferroviaires nationaux et interrégionaux). De même, nos gares doivent devenir de véritables pôles multimodaux d’échanges où se concentreront activités économiques, rencontres et accès aux différents modes de mobilités comme à Lille, Saint-Quentin, Abbeville, Armentières ou Saint-Omer. Enfin, nous repenserons une offre de transport et mobilité globale adaptée aux besoins quotidiens de nos habitants et de nos territoires.