Clara de Bort participera à la soirée de débats «Quoi de neuf docteure?» organisée au siège de Libération, inscrivez-vous.
Un métier mixte, c'est celui où le ratio entre femmes et hommes fluctue entre 40 et 60%. Un environnement qui ne concerne aujourd'hui que 16% des travailleurs. A l’hôpital, la ségrégation est flagrante et témoigne, s’il en est encore nécessaire, de l'influence des représentations liées au genre dans la santé. Au quotidien, cela donne des réunions de secrétaires médicales exclusivement féminines et des projets techniques ou informatiques portés essentiellement par des hommes. Dans ces conditions, le recrutement d’un homme au poste d'assistant social devient vite un événement, tant pis si monsieur voulait rester discret.
Ces représentations sont parfois entretenues localement. Ainsi en psychiatrie il faudrait un nombre minimal d’hommes infirmiers pour « impressionner les patients et rassurer les infirmières », association fétide de stéréotypes de genre et de soin psychiatrique. Parmi les étudiants en médecine, la ségrégation est également tenace. Le choix de la spécialité médicale est encore très marqué par le genre, on ne compte par exemple que 25% de femmes parmi les candidat.e.s au concours de professeur des universités-praticien hospitalier (PUPH).
Par ailleurs, certaines études trouvent des corrélations entre le genre du médecin et la satisfaction du patient. Celles-ci mettent en évidence ce que l'on sait déjà : chacun.e a tendance à se conformer aux stéréotypes assignés à son genre. Aux hommes la force et la techniques, aux femmes la douceur et l'écoute. Ceci n'est pas une bonne nouvelle. Penser la mixité n'est pas promouvoir la coexistence de Mars et Venus dans nos services hospitaliers. Ce n'est pas chercher à valoriser le care pour qu'enfin ces dames y soient légitimes.
Penser la mixité c’est lutter contre le sexisme et les stéréotypes encore si puissants dans la santé et qui travestissent la carrière des soignant.e.s et la prise en charge des malades. Penser la mixité c’est permettre à chacun et chacune d’exercer ses talents et sa liberté, et ainsi mieux soigner.