Rappel au réel pour Emmanuel Macron. Au réel de sa campagne électorale et de sa promesse du «en même temps» qui fit son succès. Certes, des voix discordantes venues de l'aile gauche de la majorité parlementaire se font entendre depuis plusieurs semaines déjà, pour réclamer au chef de l'Etat une inflexion de sa politique. Mais cette petite musique de solistes est en train de se transformer en chœur de mécontents qui n'hésitent pas à sortir tambours et trompettes pour critiquer la ligne droitière du Président. Mais ce n'est pas tout. L'orchestre gouvernemental est lui-même de plus en plus tiraillé, entre les ministres LR de Bercy qui tiennent mordicus à la réduction de la dépense publique, et donc de certaines aides sociales, et par exemple une Agnès Buzyn, chargée de la Solidarité, qui prévient que les économies demandées ne pourront pas se faire «sur le dos des pauvres». Comme si cela ne suffisait pas, trois ténors du programme du candidat Macron ont fait savoir ce week-end qu'ils regrettaient que la politique mise en œuvre depuis un an oublie un peu trop de lutter contre les inégalités. A part ça, tout va bien ? Non ! Car à cette cacophonie politique se greffent des inquiétudes économiques. Hausse des taux d'intérêts, donc du coût de la dette, consommation des ménages en berne… Le ciel s'assombrit, chargé de nuages potentiellement annonciateurs d'efforts supplémentaires. C'est donc un rappel au réel en tenaille auquel doit faire face Emmanuel Macron : ses promesses d'un côté, la conjoncture économique de l'autre. Autant dire que l'heure de vérité approche. Car si les Français continuent de faire confiance au chef de l'Etat pour déverrouiller le pays - l'opinion par exemple est restée favorable à la réforme de la SNCF -, ils sont aussi animés par un souci de justice, notamment sociale. Et là, ils font nettement moins confiance au chef de l'Etat.
Dans la même rubrique