Changer les lois ? Stipuler la parité par les textes, proscrire la discrimination ? Simple au fond, malgré les résistances. Mais changer les esprits et les cœurs : c’est une autre affaire. La République a pris diverses mesures destinées à mieux assurer la place des femmes en politique, et ce depuis longtemps. Qui peut dire que le but est atteint ? La parité est assurée au gouvernement, ou sur les listes de certains scrutins. Mais combien de comportements obliques, de préjugés aussi discrets qu’enracinés, héritages subreptices mais toujours vivaces, freinent encore la juste émergence des femmes en politique ?
Certains disent qu’il faut «féminiser» la politique, la débarrasser des scories toujours à l’œuvre du machisme, imposer des mœurs plus civilisées, moins brutales, moins empreintes des lois de la jungle originelle qui vont si bien aux «mâles dominants». Les autres affirment qu’il faut rejeter les bases mêmes du raisonnement, c’est-à-dire récuser tout «stéréotype de genre» et rendre la politique indifférente aux rôles sociaux hérités d’un autre âge, tout en combattant les archaïsmes qui réservent aux femmes politiques, comme aux autres femmes, la «charge mentale» des affaires privées, principal handicap dans la progression vers une réelle parité hommes-femmes dans les affaires publiques.
Afin de bousculer les idées reçues et d’interpeller les pouvoirs, notre journal est heureux de s’associer aujourd’hui à Clémentine Autain pour cette journée de débats.