Un rêve fou émerge de la Silicon Valley, éliminer la mort. En attendant l’hypothétique réalisation de cette promesse, notre condition d’être humain est fondamentalement liée à l’imprévu. «On naît, on vit, on meurt» serait un raccourci trop rapide. Nos vies ne sont ne sont jamais linéaires et bien plus chaotiques que cela.
Nous savons que le malheur, la maladie, les accidents, la dépendance passagère ou durable seront au rendez-vous de nos vies. Parce que nous craignons ces moments, nous refusons trop souvent de les envisager et de les anticiper. Les anticiper ne veut pas dire les éviter, mais nous pouvons les adoucir, mieux gérer les conséquences sur notre quotidien, celui de nos proches, ceux qui dépendent de nous, parfois aussi les salariés d’une entreprise, lorsqu’on est dirigeant.
A la douleur d’un accident ou d’une longue maladie ne devrait pas s’ajouter la perte de revenus ou celle de son logement.
Le vieillissement ne devrait pas être synonyme de relégation et de perte de toute vie sociale. Les accidents de la vie concernent 11 millions de Français qui se blessent en jardinant, en bricolant, en faisant du sport chaque année, à tout âge : sans garantie pour les protéger, certains se trouvent en difficultés financières et personnelles.
A ces risques connus s’ajoutent les conséquences du changement climatique sur la santé, l’habitat et de nombreuses activités économiques.
Notre société n’est pas suffisamment prévoyante. Face à ces vulnérabilités, nous devons construire de nouvelles solidarités. La protection sociale et la solidarité nationale devront évoluer dans leurs principes et leurs modalités. Mais cela ne sera pas suffisant. La prévoyance n’est pas seulement une affaire publique.
Lorsque surgit un événement, on se tourne d’abord vers ses proches pour trouver un soutien. Onze millions de Français sont aujourd’hui des aidants, parmi eux ils sont 82 % à consacrer plus de vingt heures par semaine à soutenir leurs proches. Cette solidarité est la première entre toutes, c’est celle du cœur. Mais ce système trouve ses limites, les aidants s’épuisent, les coups du sort se transforment trop souvent en ruptures de vie, et peuvent à leur tour déstabiliser la vie des proches.
Pour construire une société prévoyante, nous avons besoin de retrouver un esprit collectif d’entraide qui ne soit pas que national ou familial.
Plus que d’autres, nous mutualistes, savons en effet qu’un événement de santé peut avoir des répercussions fortes et globales. Nous développons nos actions de prévention, nous savons accueillir les personnes et les écouter, nous agissons dans le domaine du handicap, du vieillissement, du logement, etc. Notre rapport au temps long. C’est dans la durée que nous inscrivons notre action. Nous, mutualistes, nous croyons fondamentalement au pouvoir du collectif et à l’esprit d’entraide.