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Forum de Strasbourg

Ian McEwan: «Le pire mensonge que l’on entend chaque jour, c’est que "le peuple a parlé"»

L'Europe: un esprit de résistancedossier
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Libération organise samedi 18 mai avec la ville de Strasbourg un forum intitulé «L’Europe, un esprit de résistance».
A Londres, lors de la manif pour un nouveau référendum sur le Brexit. (Photo Isabel Infantes. AFP)
par Ian McEwan, écrivain
publié le 25 avril 2019 à 10h19

Le 25 janvier 2019, en exclusivité dans «Libération», trente écrivains internationaux, dont plusieurs Prix Nobel, répondaient à l'appel de Bernard-Henri Lévy pour tirer la sonnette d'alarme sur la montée des dangers qui menacent l'Europe.
Nous republions leurs textes à l'occasion du forum «L'Europe, un esprit de résistance» organisé à Strasbourg les 17 et 18 mai prochain. Inscriptions ici.

«Au Royaume-Uni, on se recroqueville à l’approche de l’effroyable tempête annoncée. Le drame, c’est que le système météo tout entier s’est déréglé et qu’en Europe et aux Etats-Unis, le ciel s’obscurcit aussi. Les raisons de la tragédie britannique sont à chercher bien plus dans son histoire que du côté de l’Europe. Un mouvement autoproclamé «anti-élitiste» a fini par retourner 37 % de la population. Ce mouvement comprend des milliardaires, des actionnaires de hedge funds, des propriétaires de journaux et des diplômés du collège d’Eton.

A les entendre, il faudrait déréguler tout ce qui protège l’environnement, l’ouvrier et le consommateur. Mais ce qui les anime surtout, c’est une conception romantique du nationalisme, avec une pointe de xénophobie et de nostalgie pour le vieil Empire. A notre référendum, on ne pouvait répondre que oui ou non alors qu’il y avait un millier de réponses possibles, et le drame c’est que l’on n’y comprend plus rien. Le pire mensonge que l’on entend chaque jour, c’est que «le peuple a parlé». Mais près de deux tiers des électeurs n’ont pas voté pour quitter l’Europe !

Comme dans une tempête, nous nous retrouvons coincés entre une cheffe inflexible, secrète, partisane et insupportablement pieuse, Theresa May, et un leader de l’opposition tout autant inflexible et secret qui incarne la vieille opposition de l’ultra-gauche à une Europe présentée comme une cabale néolibérale corrompue. Voilà la cage que nous nous sommes construite. Personne, aujourd’hui, ne sait comment en sortir.»

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