En 2011, Amin Maalouf devenait le premier Libanais à intégrer l’Académie française dans le fauteuil numéro 29 où siégèrent avant lui Ernest Renan ou Claude Lévi-Strauss.
Comme le premier, son œuvre, fruit de la grande histoire, fraye avec la question politique. Né en 1949, dans un Liban où les trois communautés religieuses coexistaient et gouvernaient conjointement, il quitte le pays en 1976 alors qu’elles se déchirent dans une guerre fratricide.
Ses ouvrages reviennent sur cette période et interrogent les manières de construire de l’unique avec du multiple. Exilé en France, il s’enthousiasme pour le projet européen. Pourtant, il s’inquiète aujourd’hui: l’équilibre provisoire qui avait été trouvé semble menacé. Car à la crise économique, s’est ajoutée celle du droit d’asile portant avec elle son lot des débats insolubles.
Comme son prédécesseur sous la Coupole, Claude Lévi-Strauss, admirateur attentif de la diversité des cultures, Amin Maalouf prêche pour le dialogue et l'acceptation réciproque. Aussi, chargé de rédiger en 2008 un rapport pour le compte de la Commission européenne sur le multilinguisme, il affirmait : «l'Union européenne ne peut se construire que sur le socle de sa diversité linguistique et culturelle».
Lorsqu’il évoque ces questions, Amin Maalouf a évidemment en tête son Levant natal et la question de l’immigration. Il ne peut que déplorer les crispations et le repli des nations européennes sur leurs identités. C’est donc une Europe tolérante et ouverte qu’Amin Maalouf appelle de ses vœux pour que puissent cohabiter en son sein toutes les cultures. Afin que la devise de l’Union- l’unité dans la diversité- puisse de nouveau prendre tout son sens.