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Forum de Strasbourg: les portraits

Grazyna Plebanek, narratrice des maux de l’Europe

L'Europe: un esprit de résistancedossier
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Grazyna Plebanek est romancière. Installée à Bruxelles, elle observe le durcissement des idées dans son pays natal, la Pologne, et raconte la violence des mots. Invitée du forum Libération à Strasbourg, elle abordera ces thématiques lors de la conférence «Des mots aux maux de l’Europe», ce samedi 18 mai, de 11h30 à 13h à la librairie Kléber.
A Poznan, en Pologne, pays natal de Grazyna Plebanek. (Logofag / Flickr)
par Julia Toussaint et Macha Menu
publié le 18 mai 2019 à 10h43
Furie

est le sixième roman de Grazyna Plebanek, le premier traduit en français.

Furie

, c’est l’histoire d’Alia, une jeune Congolaise qui, à l’âge de cinq ans, se retrouve propulsée avec sa famille à Bruxelles. Dans cette nouvelle ville, elle se sent étrangère. Elle est confrontée au racisme ordinaire. À l’image de son héroïne, la polonaise Grazyna Plebanek s’est installée en Belgique voilà une quinzaine d’années. Toutes-deux partagent le même regard. Un regard extérieur sur un pays au coeur de l’Europe.

Grazyna Plebanek naît à Varsovie en 1967. Elle y étudie la littérature et la sociologie. C'est au cours d'un échange universitaire qu'elle découvre Stockholm, s'étonne du «mélange de socialisme et de capitalisme» que constitue alors le modèle suédois. Elle y restera cinq ans, avant de faire ses valises pour Bruxelles : «En Scandinavie, je me sentais trop séparée de l'Europe». Depuis, l'écrivaine, qui tient à être présentée comme telle, au féminin, partage sa vie entre Bruxelles et Varsovie. Loin de renier ses origines, elle l'assure, ce qui fait la diversité de l'Europe, c'est l'apport de ses cultures. «Je me sens européenne avec mes racines polonaises et mon expérience de la Belgique.»

Attentive aux mots, Grazyna Plebanek observe un durcissement du discours politique dans son pays natal, gouverné depuis 2015 par le parti ultraconservateur et eurosceptique Droit et Justice (PiS) : «Le gouvernement utilise des outils de propagande contre les migrants, y compris au travers des médias qu'il contrôle.» Une vague de nationalisme qui, à son grand désarroi, semble infuser jusque dans la société belge, où «la langue devient plus agressive et les mots moins corrects».

Ses romans, souvent centrés autour de personnages de femmes fortes, sont alors sa meilleure arme, un rempart contre l'appauvrissement des idées. Bien consciente que les gens lisent de moins en moins de livres, Grazyna Plebanek espère toucher un plus large public en publiant des chroniques dans trois magazines polonais. Racisme, sexisme... Les problèmes de société ne manquent pas pour susciter son indignation. Et puisqu'avec les réseaux sociaux les discours radicaux se répandent comme une traînée de poudre, charge aux intellectuels de se faire entendre, de dénoncer, de «prendre la parole partout».