Le 26 mai, Olivier Marchand votera pour la première fois lors d'une élection européenne. Novice dans l'exercice, il livre déjà une analyse teintée de pessimisme. «Il n'y a pas de vision commune entre les pays», lâche-t-il, désabusé. Celui qui se sent «humain avant d'être Européen» est critique envers une Europe qui «a un rôle extrêmement important qu'elle ne joue pas : la mise en commun des ressources».
Avant les urnes, le jeune étudiant en école d'ingénieur fait entendre sa voix dans la rue. Il est l'un des trois meneurs de l'antenne strasbourgeoise de Youth for Climate. Le 15 mars, il a défilé lors d'une grève internationale pour le climat dans plus de 40 pays. A Strasbourg, ils étaient 5000 étudiants et lycéens. Dans le cortège, des sacs McDonald's ont exaspéré le jeune militant, mais il ne veut «ni faire culpabiliser, ni sensibiliser à tout prix».
Olivier est de toutes les mobilisations, quitte à «mettre de côté» ses études. Chaque vendredi, le mouvement organise des assemblées générales place Kléber, assis par terre. Le futur ingénieur défend l'absence de hiérarchie de Youth for Climate Strasbourg : «Je pense que les partis politiques vont se déconstruire pour une réorganisation plus horizontale. Les gilets jaunes l'expriment bien avec leurs assemblées populaires».
Originaire de Surgerès (Charente-Maritime), Olivier a vite intégré la position stratégique de Strasbourg. La rencontre du mouvement avec un eurodéputé, une «occasion en or», leur a permis de donner naissance à une déclaration de reconnaissance de l'urgence climatique, à destination des candidats aux élections européennes. Une quarantaine d'entre eux, dont les têtes de liste Yannick Jadot et Benoît Hamon, l'ont déjà signée.
À 22 ans, Olivier a fait des choix de vie parfois contraignants. Un McDonald's ? «Ça fait un an que je n'ai pas mangé dans un fast-food», rétorque-t-il, avant de reconnaître qu'il n'est pas évident d'imposer ses vues à ses amis.
S'il attend un «changement immédiat» de la part du gouvernement, le jeune étudiant opte pour la méthode douce en famille. Lorsqu'il rentre dans son sud-ouest natal, il met son régime végétarien de côté. «Ce n'est pas dans la culture de la famille. Ça vient doucement, je leur laisse le temps de digérer la gravité de la réalité».