François Bost participera mardi 26 novembre au Forum «L’usine et le territoire»organisé par Libération avec la région Occitanie/Pyrénées- Méditerranée.
Depuis la seconde moitié des années 1970, l’économie française est frappée par un vigoureux mouvement de désindustrialisation. Ce processus s’est encore accéléré et amplifié à la faveur de la crise économique mondiale apparue en 2007, au point que la France apparaît désormais comme l’un des pays européens où l’effondrement de l’emploi industriel a été le plus important (-2,5 millions d’emplois entre 1970 et 2018). Selon l’Insee, celui-ci ne représenterait actuellement qu’à peine 11 % de l’emploi total (contre 23,7 % en 1970), alors que sa part continue de représenter environ 20 % en Allemagne, ce qui témoigne du décrochage impressionnant de notre économie avec le voisin d’outre-Rhin, où ce secteur reste encore une locomotive économique. Plus inquiétant, la France se situe désormais en retrait par rapport à des pays comme l’Italie (14 %) et l’Espagne (12 %) qui étaient il y a peu encore derrière elle. Maigre consolation, elle ne devance plus que le Royaume-Uni (8,7 %) parmi les grands pays européens.
Assurément, l’inversion de cette tendance - qui n’est pas inéluctable contrairement aux idées reçues qui semblent s’être résignées à l’accompagnement de la désindustrialisation - passe par un changement profond de paradigme et donc par l’adoption d’une véritable stratégie industrielle, clairement assumée autour de la réindustrialisation de l’économie française et de ses territoires, en lieu et place des simples «politiques industrielles» sans souffle et sans réelle vision de long terme.
Les contours de cette réindustrialisation nécessaire et porteuse de changements profonds commencent déjà à être connus. Tout d’abord, celle-ci ne se réalisera pas à l’identique. Elle s’appuiera en effet sur les bouleversements technologiques les plus récents, dont la concomitance annonce déjà l’entrée dans une quatrième Révolution industrielle (robotisation, cobotisation, 3D, intelligence artificielle, etc.) qui revisitera en profondeur les chaînes d’approvisionnement au profit de circuits plus courts et moins absurdes dans leur déploiement géographique, mais aussi les process industriels et organisationnels en faveur de la relocalisation sur le sol national à chaque fois que cela est possible d’activités abandonnées jadis vers les pays à bas salaire et émergents. Cette refondation industrielle ne pourra surtout pas se penser sans une inscription profonde et de plus en plus incontournable dans la transition écologique qui s’imposera comme le dénominateur commun à toutes les activités industrielles.
Enfin cette réindustrialisation ne pourra se concevoir sans la mobilisation forte et inventive des territoires, seuls à même de se construire en écosystèmes efficaces où pourront s'épanouir par effets de bottom-up les compétences de demain, celles dont les entreprises auront besoin pour innover. À cet égard, les politiques de formation et de montée des compétences constitueront à l'évidence, au même titre que l'innovation, la pierre angulaire de tous ces changements à venir.