Ces moments d’accueil et d’accompagnement des personnes souffrants de maladies neurodégénératives et de leurs aidants ont été imaginés il y a seize ans, à Rennes. Aujourd’hui, il existe 54 «Bistrots mémoire» en France, répartis dans 22 départements. Le principe est toujours le même: «On organise des séances autour d’un thème lié à la maladie, ou autour d’une activité de loisir, dans un lieu ouvert à tous, la plupart du temps dans des cafés», explique Élise Laflèche, chargée de mission de l’Union nationale des Bistrots mémoires. L’objectif? Déconstruire les clichés qui entourent la maladie d’Alzheimer. «Il y a toujours des gens qui passent dans un café, parfois ils s’arrêtent, écoutent et même, participent», insiste-t-elle. Pour Lydie Jolivet, la psychologue qui encadre les rencontres de Chemery-sur-Bar, les bistrots mémoires sont aussi des «bulles» pour les familles, «un moment où on laisse la maladie sur le pas de la porte».
Jean-Claude Dentrey, 77 ans, raconte à quel point il est devenu difficile pour lui de communiquer avec sa femme, Marie, depuis qu’elle est atteinte d’Alzheimer. Les bistrots mémoires sont pour eux, un lieu précieux d’échanges et de rencontres, où on n’a pas peur d’être jugés. «C’est toujours très convivial. Ça fait du bien à mon épouse de pouvoir parler, je pense même que ça l’aide dans sa maladie», insiste le septuagénaire. Et pour lui aussi, «moi ça me change les idées, hier on a passé l’après-midi à faire des cartes de Noël, on pense moins à la maladie».