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«Je ne fais pas de distinction entre l’homme et l’animal»

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Fervent défenseur de la conservation animale, le directeur du zoo de Mulhouse a participé au débat sur l’entraide dans le monde du vivant le 30 novembre 2019 lors du Forum organisé par le réseau APA et Libération à Kingersheim.
L'okapi a été cité durant le forum comme un contre-exemple dans le monde animal. Cette espèce solitaire ne développe aucun langage corporel. (Jaakko Hakuline / FLickr)
par Marion Henriet
publié le 30 novembre 2019 à 16h04
«Quand j’étais gamin j’étais persuadé que j’arrivais à communiquer avec les animaux. En étudiant j’ai compris que je me plantais bien, mais ce n’est pas grave si c’est venu de là.»

L’homme qui prononce ces mots est Brice Lefaux, le directeur du zoo de Mulhouse, qui, à 150 ans d’existence, accueille plus de 400 animaux. L’enfant qui murmurait à l’oreille des animaux est devenu un fervent défenseur de leur protection. S’il a quitté le Maine-et-Loire pour s’installer dans le Haut-Rhin en 2010, c’est précisément pour apporter sa pierre à la dynamique de préservation qui est celle du parc depuis le début des années 80. Passé de simple vétérinaire à directeur de zoo, le quadragénaire est aujourd’hui en charge de dix-sept programmes de conservation.

Chaque année, l’homme aux cheveux poivre et sel se rend sur le terrain, du Maroc aux Philippines en passant par l’Inde, pour réfléchir aux solutions concrètes à apporter aux territoires les plus sensibles. En mai dernier, il s’est rendu à Madagascar auprès de l’équipe zoologique locale chargée d’installer des pare-feu pour protéger les lémuriens des feux de forêt.

«Aider les animaux à s'en sortir», voilà tout le sens de la mission de Brice Lefaux. Si lutter contre l'érosion de la biodiversité lui semble aller de soi, c'est parce qu'il est guidé par deux principes : l'empathie et l'optimisme. «L'espèce humaine est à la base empathique. C'est en aidant l'autre qu'on se sent mieux», estime-t-il. Or celui qui a fait sa thèse vétérinaire sur les expressions faciales des singes est très clair : il ne fait «pas de distinction entre l'homme et l'animal».

Au zoo, il veille au bon déroulement des ateliers d’éducation à l’environnement dispensés pour sensibiliser à la cause animale. Une approche qui ne cherche pas à culpabiliser mais à susciter une prise de conscience. «La première chose à faire c’est ouvrir les yeux et voir à quel point c’est beau. À partir de là, on s’est déjà mis dans la position de respecter le vivant». Et donc de réfléchir à l’impact de ses modes de consommation. «Je suis optimiste, je suis sûr qu’on ne peut aller que vers le mieux mais il faut que tout le monde y mette du sien.»