Villes vertes, nouvelles énergies, réensauvagement des territoires, conventions citoyennes ou circuits courts… Des Cornouailles au Sikkim en passant par les rives du Jourdain, le Vercors ou les labos de l'Agence spatiale européenne, la rédaction de Libération s'est penchée (à la veille de la pandémie) sur des initiatives et projets permettant de préserver la biodiversité et l'environnement. Un état des lieux et des reportages complétés par des analyses sur les premières leçons à tirer de la crise sanitaire et une série de grands entretiens réalisés par Mathieu Vidard de France Inter, partenaire de ce numéro. Au final, un hors-série de 124 pages dont la une a été confiée aux artistes Pierre et Gilles. Présentation des principaux chapitres.
Mondialisation : le cercle vicieux
Il aura fallu quelques brins d’ARN microscopiques apparus dans le centre de la Chine durant l’hiver 2019 pour qu’en quelques mois la Terre entière se mette à tousser et que l’économie s’arrête. Retour à l’envoyeur? Symbole d’une mondialisation hors de contrôle ? Dans un monde connecté où la moindre denrée, le plus insignifiant objet, se fabrique à des milliers de kilomètres de son lieu de consommation, mais où dans le même temps la technologie a aboli les distances et les délais, il est paradoxal de réaliser que la forme la plus basique de la vie aura été la plus efficace pour menacer un système qui se voyait invincible.
De Pékin à Washington, la mondialisation est le principal responsable du réchauffement climatique, de la destruction de la biodiversité, des crises sanitaires et alimentaires. Un système à bout de souffle, axé sur la seule productivité. Qui saura se réinventer?
Climat : chaud devant
Et un, et deux, et trois degrés. Forêts qui partent en fumée, exodes mortels pour fuir la sécheresse ou les guerres, ouragans et crues hors-norme, écosystèmes qui disparaissent… La planète entière est en surchauffe.
Face au déni des politiques, aux égoïsmes économiques et aux COP sans lendemain, une vague de contestation jaillit de la société civile. Derrière le vert oriflamme d’une Scandinave de l’âge de Jeanne d’Arc, la jeunesse du monde entier manifeste, les citoyens et les associations prennent la parole…
Prémices d’une prise de conscience mondiale? C’est à souhaiter, car nous serons bientôt huit milliards sur Terre. Une population toujours plus urbaine vivant dans des mégapoles qui ne cessent de s’étendre. Comment dès lors éviter un scénario de science-fiction où la planète se transformerait en un gigantesque SimCity de béton et d’acier?
Pourtant, les solutions existent. Longtemps traité avec le sourire (mettre les villes à la campagne), le verdissement est devenu un enjeu incontournable. Les villes d’aujourd’hui se réinventent et celles de demain innovent à l’image de «Wakanda», la future capitale du Rwanda. Un scénario de SF. Mais qui pour une fois ne tournerait pas au cauchemar…
Biodiversité : tous les goûts dans la nature ?
A quoi ressemblera notre alimentation dans vingt ou trente ans? Mangerons-nous des steaks de synthèse accompagnés d’algues transgéniques chinoises? Ou nos légumes et viandes seront-ils cultivés dans une ferme bio à quelques kilomètres de nos assiettes ?
La question est d’importance. Aujourd’hui, la production agricole, sa transformation et sa commercialisation contribuent à environ 30 % des émissions de gaz à effet de serre. Pourtant, une autre alimentation est possible ! C’est en tout cas le vœu d’une majorité de consommateurs portés par des préoccupations de santé et d’écologie. Il serait temps!
Déforestation, espèces menacées, altération des sols, virus en liberté… Le compte à rebours a commencé. Et il ne s’agit plus de sauver çà ou là un ours polaire ou un papillon rare, mais bien d’éviter la disparition de la faune, de la flore et de tous les écosystèmes.
Heureusement, les initiatives se multiplient : réensauvagement des territoires, nettoyage des sites, reconnaissance de la protection de l’environnement comme «patrimoine commun des êtres humains». Enfin de bonnes recettes?
Energie : le plein d’idées
Sortir du charbon, du gaz et du pétrole ; c’est désormais une évidence pour éviter de voir demain la planète s’embraser - au propre et au figuré. Mais comment remplacer ces énergies fossiles vitales pour nos économies sans renoncer aux transports, échanges et loisirs ? Comment (ré) concilier la fin du mois et la fin du monde?
La réponse sera sans doute plurielle. En multipliant les alternatives non polluantes (éolien, solaire, hydraulique, géothermie) ; en traquant les économies dans tous les secteurs (isolation, construction, stockage, consommation…); en contrôlant l’inflation sans fin du numérique (entre 6 % et 10 % de la consommation mondiale d’électricité, soit près de 4 % des émissions de gaz à effet de serre); en additionnant enfin les projets et les opportunités qui finissent par faire sens: puissance du vent en Ecosse, énergies vertes au Portugal, route rechargeant les voitures électriques en Israël, transition écologique et sociale en République tchèque… Tour du monde des pratiques vertueuses et des idées qui finiront par changer la face du monde.
Sciences : je rêvais d’un autre monde…
C'est sans doute vrai… «Il n'y a pas de plan B parce qu'il n'y a pas de planète B.» La formule choc du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon lancée en 2014 à l'occasion de la Semaine du climat de New York, nous condamne à trouver des solutions ici et maintenant. Ce qui n'empêche pas les chercheurs, la tête dans les étoiles, d'élaborer mille scénarios dans notre système solaire ou sur une autre galaxie : explorer Mars, créer une base lunaire, intercepter les astéroïdes… Les projets sont déjà là.
Et demain? Existe-t-il d’autres planètes (si possible sans virus) susceptibles d’accueillir l’humanité ? Combien de temps durera un voyage interstellaire ? Qui emmener dans ces arches cosmiques pour avoir une population viable, et comment gérer ces vaisseaux mondes qui mettront plusieurs générations avant d’arriver à destination ? Voyage en compagnie des experts de l’astrophysique, de la science et de la fiction à travers les nouvelles des auteur(e)s que nous avons sollicités pour clore ce hors-série, dont la postface a été confiée à notre philosophe maison, Robert Maggiori.