Produire de l’énergie verte, c’est bien. Se montrer moins énergivore, c’est encore mieux. La transition énergétique, désormais sur toutes les lèvres et dotée d’une loi ad hoc depuis 2015, suppose, certes, de diversifier les sources de production – moins de fossiles et de nucléaire, davantage de renouvelables…– mais, surtout, de baisser la (sur) consommation. L’enjeu est économique, social et écologique. Cela permet d’alléger notre déficit commercial (la facture énergétique de la France pesait 45 milliards d’euros en 2018), de prémunir ménages et entreprises de la hausse du prix de l’énergie, de diminuer nos émissions de gaz à effet de serre (GES, si néfastes pour le climat) et de polluants atmosphériques.
Et l’activité économique n’a rien à en craindre, au contraire ! Non content de doper le pouvoir d’achat des ménages et la compétitivité des entreprises, les investissements de maîtrise de l’énergie apportent un surcroît d’activité : en 2015, les services énergétiques et les services d’efficacité énergétique (diagnostics de performance énergétique, études thermiques, exploitation, installation et maintenance…) représentaient un marché de 10,6 milliards d’euros (hors fourniture d’énergie), selon une étude diffusée par l’Ademe.
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Sur le papier, dans le sillage de l'Union européenne, la France met le turbo en la matière. La loi de transition énergétique de 2015 a fixé un objectif de baisse de 20 % de la consommation d'énergie de la France en 2030 par rapport à 2012. Quant au projet de loi «énergie climat» adopté fin 2019, il prévoit d'atteindre la «neutralité carbone à l'horizon 2050» et de réduire de 40 % de la consommation d'énergies fossiles d'ici à 2030 par rapport à 2012 (contre 30 % prévus précédemment). Mais concrètement, comment faire ? Pas évident, puisque l'énergie est au cœur de notre société. La transition énergétique touche tous les domaines, transports, bâtiments, agriculture, industrie… Il n'existe pas d'outil unique, pas de solution miracle.
Par exemple, pour rendre les transports moins gourmands en énergie, il faut aussi s'attaquer à la mobilité au sens large et à l'urbanisme, en suivant deux principes clé : être plus efficace et plus sobre. L'efficacité (faire mieux avec moins d'énergie), c'est limiter les pertes de chaleur des bâtiments, faire rouler Titine avec moins de carburant. Loin du «retour à la bougie», la sobriété, moins consensuelle, distingue l'utile du superflu : pourquoi éclairer les vitrines la nuit, multiplier les écrans vidéo publicitaires, les terrasses chauffées l'hiver ? «Ni abstinence ni rationnement imposé», la sobriété s'oppose à «l'ébriété énergétique», résume l'association négaWatt. La bonne nouvelle, c'est que transition ne rime nullement avec restrictions, mais plutôt avec investissements, nouvelles organisations, évolutions de pratiques et de comportements… Petit zoom sur deux secteurs clés.
Bâtiment : viser grand
C’est le nerf de la guerre. Le principal gisement d’économies d’énergie se trouve dans les bâtiments (résidentiels et tertiaires) qui représentent près de la moitié de la consommation nationale d’énergie finale (devant les transports et l’industrie) et plus du quart des émissions de gaz à effet de serre. Le défi est…