Menu
Libération
Forum Solutions Solidaires: Tribune

«De la lucidité politique et un peu de courage»

Solutions solidairesdossier
Pour Cécile Duflot, la recette est simple, il suffit de viser l’intérêt général pour faire face aux défis majeurs que sont la montée des inégalités et le changement climatique. Elle participera jeudi 28 janvier au Forum Libération Solutions Solidaires.
La Charité-sur-Loire, le 6 juillet 2019. Festival des idées. SUR LA PHOTO :Christian Paul (G de dos), ancien député socialiste de la 2ème circonscription de la Nièvre, Laurent Joffrin (D), directeur de la publication et de la rédaction au quotidien Libération et Cécile Duflot (2ème plan centre), directrice générale d'Oxfam France. (Photo Denis Allard pour Libération)
publié le 14 janvier 2021 à 10h20

Cécile Duflot participera au Forum Solutions Solidaires. Cette rencontre sera diffusée en direct jeudi 28 janvier à 19H30 sur Liberation.fr et Facebook. Pour inscrire cet évènement dans votre agenda et suivre toutes ses actualités : cliquez ici.

Gouverner c’est gérer les affaires de l’heure mais aussi anticiper les évolutions de demain. Gouverner c’est aussi prendre en considération des intérêts multiples, parfois divergents, pour arbitrer en faveur de l’intérêt général. Tout cela peut sembler complexe quand s’entrechoquent ce qui ne sont plus seulement des crises mais des bouleversements de nos sociétés. Et si cet entrechoquement, créant l’urgence d’agir rendait les choix plus simples : nous sommes à un moment de l’histoire où citoyen·ne·s, scientifiques et intellectuel·le·s s’accordent pour dire que les deux défis majeurs de l’humanité sont le changement climatique et la lutte contre les inégalités.

Pour le changement climatique : la science nous dit qu’il est déjà là et que nous n’en faisons pas assez pour prévenir ses impacts dévastateurs durables. Les cinq dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées. Pourtant, pas une seule fois depuis la COP21, la France n’a réussi à tenir ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Un slogan, la mise en place de comités, des annonces ou même l’inscription du climat dans la constitution ne suffiront pas faire baisser nos émissions. Obliger les grandes entreprises – dont les banques – à s’aligner avec l’accord de Paris, changer nos modes de transport par exemple en taxant sérieusement les SUV ou bien arrêter les soutiens publics aux énergies fossiles, si. Car au-delà de la réduction de nos émissions en solidarité avec les générations futures, nous devons aussi faire (beaucoup) plus pour aider ceux qui sont déjà lourdement affectés, notamment en Afrique subsaharienne.

Pour les inégalités, en fait, c’est simple aussi : elles augmentent dans 7 pays sur 10, y compris en France depuis deux ans. Les économistes et les grandes institutions comme le FMI ou l’OCDE reconnaissent désormais qu’elles sont mauvaises pour l’économie et la société, et que l’outil utile et efficace est l’outil fiscal. Si on demande l’avis des citoyen·ne·s, la réponse est cinglante : environ 8 sur 10 considèrent qu’il y a trop d’inégalités en France et que le système fiscal actuel ne permet pas la redistribution des richesses entre les différentes catégories de la population. C’est du b.a.-ba : si on veut réduire les inégalités, il faut organiser la redistribution en agissant notamment sur la fiscalité des plus riches.

Enfin, mener ces deux défis de front est d’autant plus simple qu’ils sont étroitement liés : les 10% de citoyens européens les plus riches sont responsables de 27% des émissions, soit autant que les 50% de citoyens européens les plus pauvres. Pire, depuis 25 ans, les émissions liées à la consommation des 10% plus riches s’accroissent tandis que celles des 50% de citoyens européens les plus pauvres ont diminué de près d’un quart. Dans un tel contexte il devrait être simple de gouverner : fixer un cap et de s’y tenir. La manière de tenir le gouvernail est connue il faut juste y adjoindre de la lucidité politique et un peu de courage.