Sirop de maïs, crème, chocolat amer, huile de sésame, tequila, brandy. Oui, on parle bien d’un cocktail, réussi qui plus est. Il s’agit du «Corn Kiss» du Little Red Door, nouvelle enseigne parisienne inaugurée en octobre. Elle fait partie de la déferlante des bars à cocktails: sur les deux cent cinquante recensés en France, une cinquantaine a été inaugurée l’an passé. Ce boom est doublement surprenant. D’abord quand on songe au prix des boissons, rarement en dessous de 10€, ensuite à la difficulté de marier les alcools forts à un repas, rendant leur consommation plus anecdotique, ou circonscrite à la fête.
La métamorphose s'est profilée il y a cinq ans, quand 80% de l'offre alors restreinte des cocktails était le domaine réservé bars d'hôtel. En 2007, l'arrivée de l'Expérimental Cocktail Club a changé la donne. Après un séjour marquant à New York et Montréal, trois Français, Olivier Bon, Pierre-Charles Cros et Romée de Goriainoff, ont ouvert près de la Bourse leur premier bar: design contemporain, service soigné, produits de qualité pour des recettes innovantes autour de 12€. «Ils ont redoré le blason du cocktail, en rappelant que barman était un métier à part entière, différent de celui de serveur ; mais ils l'ont aussi démocratisé. Avant, il n'y avait guère d'autres options que le bar du Plaza Athénée. Et là, c'était au moins 20€», explique Thierry Daniel, fondateur du Coq (inauguré à Paris en novembre) et consultant, spécialiste des alcools. Ces trois audacieux du