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FOOD

La carte du Manger sort l’atout cœur

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Avenir. Dans le XIe à Paris, un restaurant solidaire allie recettes de grands chefs et engagement de sa brigade en réinsertion.
publié le 1er novembre 2013 à 18h06

En plein centre de Paris, ni branché, ni pompeux, ni prétentieux, Manger est un restaurant sobre, bistrot classe avec bois, verre, acier noir et cuisine à vue, éclairé d'une lumière zénitale qui lui donne toute sa gaîté. Mais la gaîté cachée aux clients, c'est celle d'un personnel singulier au centre du projet du fondateur Thierry Monassier. Tout a commencé alors qu'il organisait un dîner associatif préparé par un grand chef pour des gens sans moyens. «Je vois débarquer un monsieur, 55 ans, avec ses trois filles 9, 13 et 15 ans. A la fin du repas, il vient me dire qu'il a passé l'une de ses meilleures soirées depuis bien longtemps. Il m'explique qu'il est au chômage, en fin de droit, divorcé, et qu'il habite une chambre de bonne. Il voit ses filles dans un jardin public. J'avais les larmes aux yeux.»

Pour autant, Thierry Monassier ne fait pas dans la sensiblerie et se définit d'abord comme un chef d'entreprise. «Je ne suis pas l'abbé Pierre, ma démarche est uniquement entrepreneuriale.» Formé à l'école des frères Costes qui font tourner comme des horloges les cafés, hôtels et restaurants les plus branchés de la capitale, il a dû apprendre à conjuguer modèle économique et solidarité en créant l'association Toques & Partage. «C'est une plateforme pour les restaurants associatifs, on peut aussi bien se porter caution chez un frigoriste que livrer 300 litres de soupe gare de l'Est. Pour Manger, ça a été autre chose : il a fallu lever un million d'euros, esse