À part les accablantes nouvelles, qu’est-ce qui nous vient de Syrie? Rien d’autre, si ce n’est un bon raisin qui traverse encore la frontière et est fort prisé dans la fabrication de l’arak libanais. Cet arak, il est un peu le parent pauvre des alcools anisés. Il n’a pas forcément bonne réputation et on le confond souvent avec l’ouzo grec ou le raki turc. Or, c’est un alcool d’une grande noblesse, nonobstant ses origines modestes (raisin ordinaire et anis), distillé deux ou trois fois (pour les millésimés), pas traître pour un sou si la distillation est faite à bonne température, et d’une élégante couleur blanchâtre. On peut le boire à l’apéro mais il est aussi idéal pour accompagner la cuisine levantine qu’il aide à digérer.
Les vins libanais? Oui, mais, hormis de belles exceptions, ils alourdissent les déjeuners et sont souvent trop chers. L'arak libanais a une manière de légèreté, même par grosse chaleur. Mais il convient de bien le préparer. Le dosage doit se faire plutôt dans un cruchon avant de le verser dans un kese (petit verre traditionnel). La règle d'or : un tiers d'arak, deux tiers d'eau. Ou un quart, trois quart. Après, on ajoute les glaçons. Sinon l'arak va «cailler» comme on dit en arabe et n'est pas aussi agréable. à sa façon, il introduit à la culture libanaise. Quand il « caille », on dit, peut-être à l'intention des ondes mauvaises: «khaoukartele kese» («tu as troublé mon verre»).
La formule a aussi un sens figuré. Tiens, comme dans la fable le Loup