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Libération
Reportage

Appellation rebelle contrôlée

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Alain Dejean élève son vin de façon naturelle. Opposé aux règles, il ne produit plus sous le nom de «sauternes».
publié le 15 novembre 2013 à 20h56

Si le temps est le meilleur allié du vin, le sauternes d'Alain Dejean fait alors partie des modèles du genre. Ce type est un faux calme qui fabrique un vin de patience. Un repère : chaque millésime de son rousset-peyraguey n'est proposé à la vente qu'après sept ans de barrique. «Et, malgré ça, j'ai du 2005 toujours à l'abri», sourit ce sexagénaire qui porte beau, la tignasse plus sombre que grise. Mais en cette matinée de fin septembre, alors que les vendanges touchent à leur terme, le viticulteur ronchonne en picorant quelques grappes : l'année s'annonce faiblarde, au moins en quantité. Et de savoir que tous les domaines du Sauternais sont logés à la même enseigne ne l'apaise pas. Alors le bonhomme se sent «en échec» même s'il identifie quelques causes : le dérèglement climatique - alternance de pluies trop abondantes en juin et de moments de grande sécheresse -, la combinaison des facteurs empêchant les graines de mûrir. «L'an dernier sont apparues sur la vigne des maladies que je n'avais pas vues en vingt ans», grommelle-t-il. Il y a aussi ces produits chimiques utilisés par ses voisins, dont les prestigieux grands crus Yquem, Suduiraut et Rieussec (bien que travaillant en biodynamie), contrairement à Dejean, qui se revendique comme «le dernier à produire du vrai sauternes. Dans les années 60, tout le monde travaillait comme moi. Maintenant c'est interdit.»

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