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Libération
Reportage

Des tommes d’influence

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En Lozère, la réussite d’une fromagerie rejaillit sur un village.
Dans la fromagerie de Yelzas, Hures-La-Parade, Lozère. (photo Nanda Gonzague. Transit)
publié le 15 novembre 2013 à 20h26

Sur la route, les yeux boivent tant et tant d'espace qu'ils ont l'impression de s'enivrer de Nouveau Monde. Mais le Vieux Monde persiste sur l'immense et haut plateau calcaire. Un maigre village : Hures-La-Parade, 250 âmes éparpillées aux quatre vents. Deux pompes à essence rouillées et un café abandonné. Alentour, des vestiges romans, dont la belle croix du Buffre à laquelle s'accrochent des haillons de brouillard. Et un monument à la mémoire des maquisards du groupe Bir Hakeim exterminés par les Allemands en 1944. Ici, on est dans les Cévennes, en Lozère, sur le causse Méjean, inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l'Unesco depuis 2011. L'été, les touristes s'y précipitent et les gîtes affichent complet. La beauté y est rude, sauvage, et même convulsive quand on approche des gorges. L'automne et l'hiver, quand brume et pluie galopent à travers l'âpre campagne, les paysages s'échappent et on se sent seul au monde sur le plateau floconneux. On a alors une belle illustration du désert français avec 1,4 habitant/km2. Fallait-il vraiment aimer ce vaste territoire pour croire en lui, pour estimer qu'il avait un destin économique, n'était pas condamné à perdre ses habitants l'un après l'autre. Car, en bas du village, une flèche indique la direction d'une fromagerie.

Flotte. On s'attend à trouver une bâtisse rustique enveloppée de l'odeur prégnante de lait caillé. Mais, au bout d'une étroite route zigzagante, à l'orée du hamea