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Libération

La fronde des fourchettes vertes

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Mangeurs et producteurs, écœurés par la nourriture sans saveur de la grande distribution, ont choisi de célébrer le produit de qualité.
publié le 15 novembre 2013 à 21h36

Je mange donc je suis. Face à la crise de la lasagne de cheval et aux diktats de l'industrie agroalimentaire, qui accapare plus de 80% de la production agricole, une nouvelle génération brandit sa fourchette en guise de réaffirmation de soi. Certains retournent leur potager pour réanimer une semence oubliée, une poire qui a du goût ou un agrume incongru. D'autres se rebellent contre les supermarchés, ventres de tout et poubelles en puissance, où se gaspillent 30% de ce qui sort de terre. Et il y a ceux qui font. Du fromage, du pain, du vin, de la courge ou de l'agneau. Tous ensemble, adeptes de la «slow food», radicaux du bio, volontaires du circuit court, producteurs engagés, passeurs de terroir, militants antigaspi, aménageurs de territoires délaissés, ils transforment l'univers de la bouffe en divinisant le produit et en célébrant le fait maison. Tandis que le consommateur, lui, affirme ses choix politiques dans l'assiette.

Mine de rien, à travers cette réappropriation des règles du jeu de notre alimentation, se joue une aventure sociétale. En privilégiant la saisonnalité des légumes et des fruits, la proximité des producteurs et en bannissant la chimie lourde dans son panier, le mangeur-cuisiner-citoyen ne fait pas seulement la nique à la malbouffe. Il tend aussi la main à un autre modèle agricole, comme le prouve le succès grandissant des paysans-boulangers (ils seraient plus d'un millier en France) qui transforment eux-mêmes leurs céréales. Un microbrasseur, un