Accrochez solidement vos sous-ventrières : les onze épreuves de la Saint-Martin vous attendent. Onze plats qui défilent autour du cochon, qui dit mieux ? Ce marathon de la fourchette se passe tous les automnes, à la Saint-Martin, dans la vallée de l’Ajoie (Jura suisse). Yop la boum, y’a d’l’Ajoie ! Cela se joue à Porrentruy, un lieu prédestiné. Porcs et truies, changez de chemin, Pantagruel est devenu jurassien, ou plutôt Bruntrutain, comme on appelle l’habitant de Porrentruy.
Donc, à chaque Saint-Martin, Bruntrutaines et Bruntrutains se mettent à table puis oublient de se lever pendant que les plats défilent. «Ça prend en longueur», dit-on dans ce Jura où, tradition horlogère oblige, ça démarre à l'heure, surtout qu'on a répété toute la journée ce mantra : «A 8 heures, la gelée.» La gelée, c'est le premier plat. A 20 heures, donc, plus un Bruntrutain dans la rue : tous sont à table. Le Bruntrutain sait que le cochon, ça se respecte, et que le moindre retard au démarrage peut coûter cher, comme quand on envoie une fusée dans l'espace. Porrentruy, c'est le Kourou du lard mou.
Totché. Nous voici donc, en tenue réglementaire de cochonaute, attablés à l'hôtel du Bœuf, à Courgenay, banlieue non défavorisée de Porrentruy. Oui, l'hôtel du Bœuf sert du cochon : le Jura est le pays des humoristes Plonk et Replonk. Ici, le pain a une tête de cochon et l'affaire débute par le totché, un gâteau à la crème épaisse, plutôt salé. Puis v