Quand, il y a quelques années, les Food Trucks ont débarqué sur les trottoirs parisiens, l’emballement a été immédiat. Une foule d’urbains s’est entichée de l’idée saugrenue de faire la queue devant un camion pour manger un bon sandwich (si possible sans gluten), et profiter de ces restaurants improvisés sur le macadam. Mais acheter un morceau à un vendeur ambulant et s’empiffrer entre deux voitures est-il quelque chose de nouveau, de spécifique aux abords du canal Saint-Martin ? Il suffit de partir en voyage, ou de s’infliger une soirée photos de vacances avec des amis pour constater que la cuisine de rue est partout. A Los Angeles, des réchauds cuisent des hot-dogs pimentés. A Hongkong, soupes et nouilles s’avalent sur des petits comptoirs. Des mobylettes, brouettes, chariots ou side-cars transportent fruits ou brioches en Asie du Sud-Est, en Afrique ou au Canada.
Alphabet sensoriel
En France aussi, la chose existe. Mais dans sa périphérie popu, loin du Paris haussmanien. Il faut aller près des baraques à frites du Nord, ou se perdre le long des routes du Sud, vers les camions à pizza. En Guadeloupe, les glacières de sorbets coco ou les vendeurs de bokits jonchent les bas-côtés. L'inventaire est charmant, mais aussi infini. C'est un alphabet sensoriel et donc visuel. Comme le prouvaient les 3 000 clichés glanés et exposés au VIA (Valorisation de l'innovation dans l'ameublement) à Paris, en octobre 2012, aujourd'hui projetés sur les murs de la Cité de l'architecture. L'exposition «Ma cantine e