Il était le meilleur des critiques gastronomiques. Michel Creignou est mort le 23 novembre à Paris, d’un cancer absolument fulgurant, à 65 ans. Il y a encore un mois, un peu amaigri, il pouvait déguster un grand cru de Bordeaux ou commenter ses agapes pour un jury appelé à choisir le jeune chef le plus prometteur de Paris.
Toujours impeccablement habillé, ce grand gaillard avait plutôt l’air d’un notaire de la IIIe République, dont il aurait sans doute partagé le goût du bien vivre, que d’un militant de la cause culinaire. Derrière cette apparence se dissimulaient une passion, une verve et une fidélité en amitié qu’il avait mises pendant plus de quarante ans au service de la chronique gastronomique et oenologique. Il était l’un des représentants de cette génération qui a mis fin à la mainmise d’affairistes combinards, généralement issus de l’extrême droite, ayant investi ce domaine dans l’après-guerre.
Il avait des qualités, qui sont devenues malheureusement rares au moment où il s’efface. Sa science de la cuisine était soutenue par une grande culture, qui le portait vers l’histoire, la littérature et la musique. Il n’aimait rien tant que de se mettre à la cuisine pour recevoir avec sa compagne Martine ses amis et déboucher quelques bouteilles (plutôt qu’une) avant de partager un grand havane.
Intégrité
Il était de ceux qui ont voulu rétablir l’intégrité du métier. Il dut rompre plusieurs fois avec des rédacteurs en chef parce qu’il refusait de mêler le rédactionnel à la publicité. Il co