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GASTRONOMIE

Kaiseki: la formule sashimique

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Le chef Toru Okuda a ouvert un restaurant à Paris pour faire découvrir «un art total», la gastronomie de son pays.
(Photo DR)
publié le 6 décembre 2013 à 18h06

La main gauche de Toru Okuda a déjà été victime de dix-huit scarifications profondes. Avant de cumuler cinq étoiles au guide Michelin grâce à ses deux restaurants tokyoïtes, le chef japonais de 46 ans était plutôt gauche. «Et mauvais en classe, précise-t-il. Je me suis accroché à la cuisine avec la conviction que c'était la seule manière pour moi d'acquérir un statut social.» Ni les coups de couteau ni les méthodes sadiques - avant d'avoir le droit de passer en cuisine dans une grande adresse de Shizuoka, il est resté trois ans chauffeur - ne l'ont découragé. Une chance car, dans l'intervalle, le maladroit est devenu un as de la gastronomie nippone et vient partager sa science à Paris, chez Okuda, son premier restaurant hors de son pays natal.

S'il voue un culte à la gastronomie française, Toru Okuda ne s'est pas installé ici pour la reproduire. Le chef veut rendre à l'Hexagone la monnaie de sa pièce en lui faisant découvrir la haute cuisine japonaise telle qu'on la déguste là-bas. «Ces dernières années, elle a connu un vif engouement en Europe, mais s'est toujours adaptée au goût des étrangers», déplore-t-il. A Paris, le chef se sert de produits frais locaux, mais complète avec des denrées japonaises, pour que le goût diffère le moins possible de ce qu'il prépare à Tokyo. Même le décor de son restaurant reproduit à l'identique ceux de ses deux sobres enseignes nippones. Au milieu du triangle d'or parisien, entre les boutiques de luxe et les cafés b