Aune centaine de kilomètres au sud de Mendoza, capitale des grands crus argentins, l'étroite route à deux voies qui relie Tunuyán à la bourgade de Vista Flores s'enfonce dans une gorge verdoyante, avant de virevolter autour des monts tourmentés de la précordillère des Andes. Soudain, au détour d'un lacet, l'horizon est gommé par les pics blancs encadrés par les cimes des volcans Tupungato, au nord, et Maipo, plus au sud, qui flirtent avec les 6 000 mètres d'altitude, à la lisière du Chili. Au pied des neiges éternelles, côté argentin, 1 000 hectares de terres alluvionnaires ont été arrachés aux caillasses et aux jarillas, ces arbustes aux fleurs jaunes qui poussent au ras du sol pour acclimater des vignobles dans la vallée de Uco.
A 1 000 m d’altitude, les nuits sont froides et les journées torrides. Une amplitude thermique idéale grâce à laquelle chaque pied de vigne s’imprègne d’énergie dans la journée pour produire à la nuit tombée les polyphénols nécessaires à l’élaboration de vins rouges costauds, gorgés de soleil, aux tanins puissants et aux arômes profonds.
Orangé. Mais ces liquides d'un rouge presque violacé lorsqu'ils sont jeunes, plus orangés à maturité, ont la particularité d'avoir l'accent français. Sept familles fortunées, toutes propriétaires de prestigieux châteaux dans le Bordelais et plus particulièrement à Pomerol et Saint-Emilion, ont en effet monté leur cave dans la région au début du siècle sous la houlette de