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Libération

Y a des bœufs qui se perdent

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Tu mitonnes! Chaque jeudi, passage en cuisine et réveil des papilles. Aujourd’hui, le plat-de-côtes.
Indissociable du pot-au-feu, le plat-de-côtes est un morceau du bœuf trop souvent ignoré alors qu’il peut être fameux et très abordable. (Photo Emmanuel Pierrot. emmanuelpierrot.com)
publié le 22 janvier 2014 à 18h26

L'autre soir qu'il fait un temps de gueux, on se couche consciencieusement avec les poules. C'est vrai quoi, c'est un métier, le roupillon hivernal. On s'enroule dans un immense drap de coton bistre exhumé du trousseau de mémé et rêche comme une audience de comparution immédiate. Puis on déroule la grosse couverture grenat surpiquée qui fait roucouler le dormeur. Faut pas venir les mains vides dans un tel bivouac : on embarque Wilderness (1), une fameuse histoire de soldat mâchuré de partout par la guerre de Sécession et, surtout, on se chloroforme doucement l'humeur avec les vapeurs d'une fieffée gnôle de montagne diluée dans un peu d'eau chaude et de miel. Un vrai grog de sapeur, nous, on vous le dit, c'est mieux que le Stilnox pour ronronner avec Morphée.

Serpillière. On est ainsi délicieusement rendu au mitan de la nuit quand la corne de brume de la porte d'entrée se met à brailler dans le noir. C'est pas qu'on soit ombrageux sur l'oreiller mais faut de bonnes raisons pour réveiller le campement à 3 heures du matin. Les amants éconduits, les baignoires qui débordent, les lansquenets qui ont paumé leur hallebarde, ça nous fait lever du pied gauche. Y a pas marqué SOS Amitié, Plombier sans frontières ou refuge du Pic de Montmartre sur le paillasson. On en connaît des fâcheux à qui on a fait bouffer leur lampe frontale quand ils ont pris notre cage d'escalier pour une marche d'approche avant l'aub