La récidive est-elle répréhensible quand elle s’applique au boire et au manger ? L’autre aurore, la question nous trotte dans le bourrichon tandis que l’on fend la purée de pois et la nuit en direction des Ardennes. Un temps de gueux, que même la gnôle de Bruno Ayer, elle ne nous réchaufferait pas les miches. Tout ça, c’est la faute de ce truculent touche-à-tout, à la fois cuisinier, paysan, collectionneur (33 tours, clés, artisanat de tranchées…), druide, dresseur de corbeaux, et j’en passe. Et qui fait surtout un cidre à brûler en enfer tellement il vous emmène au firmament des arômes. Le Gironval, qu’il s’appelle, comme la tanière où Agnès et Bruno Ayer vous proposent le gîte et le couvert (1), dans une grande bâtisse, mi-moulin mi-ferme, à la pierre couleur de miel et au toit d’ardoise.
Catéchèse. L'été dernier, on avait rendez-vous avec le hasard quand on s'est posé pour la première fois sous le vénérable noyer adossé à leur maison pour goûter un cidre ambré dans le couchant et qui, depuis, nous est resté gravé dans les papilles. Alors nous voilà revenu ce matin sur ces crêtes ardennaises, où une brume bleutée nappe les prés qui vont en pentes douces entre les clôtures de dosses et les haies. L'hiver semble avoir oublié ce pays de pommes où, au détour d'un chemin vicinal, on découvre un boqueteau dont les fruits couleur d'or font encore de la résistance en janvier. On croque dans une pomme confite par le temps avant de remonter jusqu