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Libération

De la complexité du malt d’écosse

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A Campbeltown, les productions de whiskies restent artisanales. Un monde d’iode, de tourbe et d’herbe sèche.
publié le 18 février 2014 à 17h18

« C'est au trou du cul du monde, tout au fond, et, avant d'y arriver, il faut encore tourner à droite. » Ce sont les indications données par Donald Mackenzie, un spécialiste des whiskies établi en France, pour trouver la petite ville écossaise de Campbeltown. On ajoutera que la bourgade est située à l'extrémité du Mull de Kintyre, qui fait face à l'île d'Islay d'un côté et à l'île d'Arran de l'autre.

C'est moche, ses habitants, à en croire Mackenzie, sont des rustauds et il y fait gris et humide. En plus, elle a traîné longtemps une sale réputation : pendant la Prohibition américaine, ses distilleries, pour pouvoir satisfaire la demande clandestine, faisaient de bien mauvais malts et utilisaient mêmes des tonneaux ayant contenu des harengs, d'où le surnom de « poisson puant » donné à ses alcools. Cette époque est révolue.

Aujourd’hui, si l’on aime le whisky, il faut aller s’y perdre. Les malts de Campbeltown ont une typicité : c’est le point de rencontre de la tourbe, de l’iode et du xérès (celui des fûts). De la vingtaine de distilleries que comptait au XIXe siècle la petite ville, plus une dizaine dans les parages, il en reste trois, toutes artisanales. Mais on parlera de la distillerie Springbank, dirigée par l’arrière-arrière-arrière-petit-neveu du fondateur (en 1828).

Ici, on est chez les traditionalistes et même les intégristes du whisky qui ignorent tout de Vatican 2. Maltage à la pelle, vieux alambics cuivrés, certaines bouteilles remplies à la main et