En lisant les savoureuses aventures de Mme Sandra Gamber (lire ci-contre), deux souvenirs attachés à la triperie sont remontés. Tous deux se sont finis dans le vin blanc. La première fois, c'était à Lyon. Une amie fraîchement débarquée faisait le (si doux) marché de la Croix-Rousse, quand soudain elle avise un tripier. Le dernier de Lyon à l'époque. M. Fabrejon. Son étal était très couru et il fallait être patient, faire la queue longuement. Son tour arrivé, l'amie montre un paquet de ravissants testicules d'agneau (qu'elle n'avait pas identifiés) et la pancarte qui les désigne. Elle demande au tripier : «C'est quoi, des amourettes ?» Alors Jean-Claude Fabrejon prend tout le boulevard de la Croix-Rousse à témoin en franco-lyonnais : «Y'a la petite dame y connaît pas encore les amourettes. Quelqu'un y peut y expliquer ?» Nous sommes allés noyer la honte de la petite dame dans un délicieux viré-clessé de Marc et Pierrette Guillemot-Michel. Un vin droit, vif, à l'envoûtante pointe citronnée à la fin.
Quelques années plus tard, visitant de nuit les halles de Rungis, j’arrive dans un entrepôt où l’on dépeçait des veaux. Première image, une palette entière de têtes, avec des langues qui pendent, tendues, entre les dents resserrées. Dans une première salle, deux bouchers travaillaient au couteau, décollant la peau pour l’arracher des os, avant de jeter les crânes nus dans une caisse qui, une fois remplie, prenait la direction de la salle d’à côt